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Environnement, Risques & Santé

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L’accès à l’eau en Afrique subsaharienne : la mesure est-elle cohérente avec le risque sanitaire ? Volume 11, numéro 4, Juillet-Août 2012

Auteur
IRD Laboratoire Population Environnement Développement (LPED) Campus international de recherche UCAD/IRD Route des Pères Maristes BP 1386 Dakar Sénégal

En 2012, 800 millions de personnes dans le monde n’avaient toujours pas accès à l’eau potable, selon la statistique utilisée dans les cadres des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) des Nations unies. L’Afrique subsaharienne enregistre le taux d’accès le plus bas au monde où deux personnes sur cinq sont toujours privées de cet accès. Cet article vise à montrer que cette mesure de l’accès à l’eau, à la fois par sa définition et par les données utilisées, ne répond pas aux risques sanitaires que pose l’accès à ce service de base, spécialement en Afrique subsaharienne. La mesure, qui repose sur la seule statistique du type d’approvisionnement en eau, ne prend pas en compte les différentes modalités de l’accessibilité à l’eau que sont notamment la distance ou le temps de collecte, le coût économique, la qualité et les quantités d’eau consommée, modalités pourtant facteurs de la santé. À Ouagadougou, si deux modalités seulement sont prises en compte (les quantités disponibles au sein des ménages et la distance parcourue jusqu’au point d’eau collectif), le taux d’accès à l’eau dans cette ville est réduit de plus de la moitié par rapport à la statistique utilisée dans le cadre des OMD. Se pose alors toute la pertinence d’une telle mesure pour servir de levier à l’adoption de politiques publiques efficaces par les États, l’accès à l’eau potable étant un droit humain depuis 2010.