JLE

Bulletin du Cancer

MENU

Valeur pronostique de la normalisation précoce du CA 125 au cours de la chimiothérapie des tumeurs de l’ovaire stades III et IV Volume 84, numéro 7, Juillet 1997

Auteurs

L’intérêt des dosages précoces du CA 125 et l’étude de sa cinétique de décroissance sous traitement par chimiothérapie ont été étudiés dans de nombreux travaux mais son utilisation en pratique clinique courante semble controversée ou difficilement réalisable car les définitions et la valeur pronostique associées à la normalisation du CA 125 sont très variables d’une étude à l’autre. Notre objectif était de déterminer si la normalisation précoce du CA 125 (taux &inf; 35 UI/ml) pendant la période de chimiothérapie des tumeurs épithéliales néoplasiques de l’ovaire pouvait être un facteur prédictif d’une réponse au traitement et/ou d’une amélioration de la survie des patientes. Notre travail repose sur l’analyse longitudinale rétrospective d’une population historique de 140 patientes atteintes d’un carcinome de l’ovaire stades III et IV, prises en charge au Centre Antoine-Lacassagne (CAL) entre 1978 et 1993. Toutes les patientes ont reçu une chimiothérapie à base de sels de platine tous les 21 jours. Un dosage sérique de CA125 était effectué en préopératoire, en post-opératoire, puis lors de chaque cycle de chimiothérapie. Quatre-vingt-quatre patientes ont eu un dosage de CA 125 préopératoire. Nous n’avons pas retrouvé de différence de survie en fonction du taux préopératoire du CA 125 (p = 0,4). Soixante-sept patientes ont eu un dosage à la sixième semaine de chimiothérapie, 62 à la neuvième semaine et 47 à la dix-huitième semaine. La normalisation du CA 125 à la sixième semaine (p = 0,0001), à la neuvième semaine (p = 0,0008) et à la dix-huitième semaine (p = 0,03) de chimiothérapie est corrélée à la survie. La survie médiane est, dans notre population d’étude, de 42 mois si le CA 125 est inférieur à 35UI/ml à la sixième semaine contre 13 mois s’il reste supérieur à 35 UI/ml. Parmi les 105 patientes de stade III FIGO, 66 patientes ont eu une chirurgie de contrôle. La normalisation du CA 125 à la sixième semaine de chimiothérapie (p = 0,0019), à la neuvième semaine de chimiothérapie (p = 0,0003) et à la dix-huitième semaine de chimiothérapie (p = 0,0015) est associée à l’absence de résidu tumoral macroscopique à l’intervention de second regard. Cette association n’est pas confirmée lorsque l’on prend en considération la présence d’un résidu néoplasique histologique lors de la laparotomie de contrôle. Globalement on peut retenir que les patientes dont le CA 125 n’est pas normalisé lors de la sixième semaine de chimiothérapie présentent un résidu tumoral dans 88 % des cas au moment de la chirurgie de contrôle. En dehors des essais cliniques et des protocoles de recherche, la répétition des dosages précoces du CA 125 afin de définir la chimiosensibilité et le pronostic des patientes atteintes d’une tumeur épithéliale de l’ovaire a peu d’intérêt par rapport à un dosage unique à la sixième semaine de la chimiothérapie. Cette option semble être un bon compromis entre l’information recherchée et son intérêt en pratique. Cependant l’intérêt d’une modification précoce du protocole de chimiothérapie après 2 cycles si le CA 125 reste élevé devra faire l’objet d’études prospectives.