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Bulletin du Cancer

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Actualités en pharmacologie antitumorale : réalités et perspectives en 1998 Volume 85, numéro 1, Janvier 1998

Auteurs
  • Page(s) : 83-8
  • Année de parution : 1998

Les avancées de la chimiothérapie antitumorale ont été obtenues grâce à des médicaments ayant une nouvelle structure chimique et/ou un nouveau mécanisme d’action, comme les anthracyclines découvertes au début des années soixante et le cisplatine une dizaine d’années plus tard. Après une vingtaine d’années « silencieuses », la situation a fort heureusement à nouveau évolué avec la découverte, ou plutôt la redécouverte, de deux familles d’agents antitumoraux d’origine naturelle : les taxoïdes et les dérivés de la camptothécine. Les médicaments disponibles sont le Taxol® (paclitaxel), le Taxotère® (docétaxel) [1, 2], le Campto® (CPT-11, irinotécan) et l’Hycamtin® (topotécan) [3, 4]. Le Taxol® et le Taxotère® ont un large spectre d’activité clinique : leur apport est significatif, pour le moment, dans le traitement des cancers de l’ovaire et des cancers du sein résistants aux anthracyclines. Dans la série « camptothécine », l’innovation majeure provient du Campto®, médicament actif dans le cancer colique réfractaire au 5-fluoro-uracile. Les études en cours de ces médicaments (polychimiothérapie, activité dans les traitements en première ligne) permettront de préciser leur apport réel dans l’arsenal chimiothérapeutique. La lente découverte des médicaments antitumoraux, leur efficacité souvent limitée et contrastée soulignent le décalage qui existe entre ce que nous savons au niveau fondamental et ce que nous pouvons faire au niveau thérapeutique. Il est malheureusement très improbable que les taux de guérison des cancers soient radicalement bouleversés dans les toutes prochaines années : aussi cette situation doit-elle être affrontée, certes avec détermination, mais aussi avec lucidité et pragmatisme. L’immense besoin thérapeutique commande évidemment l’exploration et la mise en place d’approches innovatrices, mais il serait aujourd’hui hasardeux d’abandonner les recherches sur les quelques cibles classiques de la chimiothérapie qui ont permis la découverte de quelques médicaments d’activité, certes modeste, mais qui n’en est pas moins bien réelle et utile.