Le sepsis représente la première cause de mortalité en réanimation. Chez certains patients, l’immunodépression qui en résulte est associée à un pronostique défavorable. Décrites en oncologie, les cellules myéloïdes immunosuppressives (MDSC) sont des cellules immatures capables d’inhiber différentes fonctions immunitaires. L’objectif de ce travail consistait, chez des patients en choc septique, à déterminer le pourcentage de MDSC monocytaires (M-MDSC) circulantes et à évaluer leur association avec la mortalité à 28 jours et la survenue d’infections nosocomiales.
La cohorte incluait 301 patients qui présentaient au troisième jour post-admission les anomalies immunitaires classiquement décrites (lymphopénie CD4 [médiane : 362/μL, quartiles : 235-591/μL], baisse de HLA-DR monocytaire [médiane : 4 944 AB/C, quartiles : 3 104-8 266 AB/C]), associées à la mortalité et/ou à la survenue d’infections nosocomiales (analyse multivariée). Dès l’admission, les patients présentaient une augmentation du % M-MDSCs par rapport aux volontaires sains (p < 0,01). Sur les premiers prélèvements, aucune association n’était mise en évidence entre % M-MDSCs et évolution défavorable. En revanche, après une semaine, les patients présentant les % M-MDSCs les plus élevés étaient ceux qui allaient décéder et/ou s’infecter (p < 0,01). Ces associations ont été confirmées par analyse multivariée : odds ratio : 4,4 pour la mortalité (p = 0,001) et 2,4 pour la survenue d’infections nosocomiales secondaires (p = 0,013).
Pour conclure, les patients atteints de choc septique présentaient des proportions de M-MDSCs augmentées et la persistance de cette élévation une semaine après le début du choc était associée à une mortalité accrue et à une survenue plus fréquente d’infections nosocomiales secondaires.