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Bulletin du Cancer

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Evaluation médico-économique de la chimiothérapie de 2e ligne dans le cancer du sein métastatique : comparaison du docétaxel, du paclitaxel et de la vinorelbine Volume 84, issue 7, Juillet 1997

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Malgré l’importance, en termes de santé publique, des problèmes posés par le cancer du sein métastatique, les études centrées sur les aspects économiques des choix thérapeutiques sont peu nombreuses, notamment celles consacrées au traitement de 2e ligne. Elles apparaissent désormais indispensables pour permettre au clinicien, confronté au problème du choix entre différents traitements, de prendre la meilleure décision possible. Deux traitements d’introduction récente, le docétaxel et le paclitaxel, administrés toutes les 3 semaines ont été comparés au traitement de référence, la vinorelbine hebdomadaire. L’étude a pour objectif d’évaluer ces 3 options thérapeutiques dans le traitement de 2e ligne du cancer du sein métastatique. Pour chacune de ces 3 stratégies, nos critères d’efficacité ont été : (1) la durée de la survie sans progression ; (2) l’augmentation de la survie sans progression ajustée sur la qualité de vie ; (3) le coût net du traitement, incluant non seulement le coût intrinsèque des cycles de chimiothérapie et celui des toxicités qui y sont liées, mais aussi les économies qu’il permet de réaliser en retardant l’apparition des récidives. à partir de ces éléments, les rapports coût-efficacité et coût-utilité ont été extraits et analysés. Nous avons construit, pour la description de l’évolution prévisible après l’administration de chacun des traitements à comparer, un modèle dit de Markov, reposant sur 53 états cliniques caractérisés par la réponse ou la non-réponse à la chimiothérapie, la survenue de toxicités iatrogènes et le développement de complications liées à la maladie. L’évaluation a porté sur la période allant du début de la chimiothérapie de 2e ligne au décès. Tous les calculs de coûts ont été faits en se plaçant du point de vue de la collectivité, mais en limitant le décompte des dépenses aux seules consommations de soins et services médicaux. Les paiements de transfert, les coûts directs non médicaux et les coûts indirects ont été exclus du champs de l’analyse. Pour chaque état clinique, les ressources consommées ont été estimées d’après une analyse rétrospective multicentrique de 153 dossiers de cancers du sein métastatiques traités en 2e ligne. Les coûts hospitaliers ont été évalués à partir de l’enquête sur le coût de l’activité des services médicaux, selon la méthode des groupes homogènes de malades (GHM). Les quantités consommées en médecine ambulatoire ont été valorisées sur la base de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP). La qualité de vie a été estimée par un groupe d’infirmières en oncologie. Le docétaxel a le taux de réponse le plus élevé et la plus longue survie sans progression. Le bénéfice supplémentaire apporté en termes de jours sans progression et sans inconfort est de 57 jours par rapport à la vinorelbine et de 22 jours par rapport au paclitaxel. Les résultats économiques laissent apparaître que le docétaxel permet, malgré son coût d’acquisition élevé, de réduire les dépenses face aux traitements de référence, en décalant l’entrée en progression.