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Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement

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Neuropsychologie de l’humour : une introduction. Partie II. Humour et fonctionnement cérébral Volume 14, numéro 3, Septembre 2016

Auteur
Université Pierre et Marie Curie, Paris 6 ; EA4556, Laboratoire Epsilon, Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé, Université Paul Valéry, Montpellier 3, France
* Tirés à part.

La perception de l’humour est altérée chez les patients présentant des lésions cérébrales focales des deux hémisphères, mais particulièrement dans les lésions du lobe frontal droit. Toutefois, les études expérimentales, effectuées au moyen de l’imagerie cérébrale fonctionnelle chez des sujets normaux, montrent l’implication égale des deux hémisphères et mettent en évidence l’activation de deux systèmes cérébraux au cours de l’humour : le cortex préfrontal et les jonctions temporopariétales pour la compréhension de l’humour, et le cortex frontal orbito-médian, le cortex insulaire, l’amygdale et le système de récompense pour son appréciation. Ces deux systèmes ne sont pas spécifiques de l’humour : leur activation est également observée dans plusieurs processus cognitifs de haut niveau n’impliquant pas l’humour ; selon les théories actuelles du fonctionnement cérébral, ils sont modulés à chaque instant par de multiples interconnexions distribuées dans les deux hémisphères correspondant, d’une part, à des patrons de réseaux d’activité cérébrale, acquis au cours du développement individuel et des interactions sociales, qui sous-tendent les valeurs, croyances et représentations du monde du sujet et, d’autre part, à l’analyse du contexte actuel dans lequel survient l’incongruité. L’humour peut ainsi être décrit comme un processus dynamique complexe associant l’activité de deux systèmes neuronaux spécialisés à celle de multiples réseaux interconnectés agissant comme des processus parallèles distribués qui confèrent à l’incongruité son caractère humoristique et modulent son expression. Au cours des pathologies cérébrales, des altérations de l’humour pourraient ainsi être liées soit à l’atteinte focale de l’un ou des deux systèmes spécialisés, soit à une perturbation des réseaux distribués dans certaines pathologies non focales.