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Médecine et Santé Tropicales

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Pierre Richet (1904-1983), contre l’onchocercose et le totalitarisme Volume 29, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2019

Illustrations


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Auteurs
Gispe, 82, Bd Tellène,13007 Marseille, France
* Correspondance

Si le nom d’Eugène Jamot est associé à la lutte contre la maladie du sommeil, celui de Pierre Richet est définitivement lié à la cécité des rivières qu’il découvre en 1936 dans deux foyers proches de Garango (Burkina Faso). L’onchocercose ne le quittera plus jusqu’à son dernier article « l’OCCGE et l’onchocercose » rédigé en 1983. Pourtant, tout au long de ces cinq décennies, le parcours de Pierre Richet est tout sauf celui du spécialiste d’une seule maladie auquel on consacre toute sa vie. Après une décennie occupée pour l’essentiel à la lutte contre la trypanosomiase, vient une décennie de guerre où l’endémiste, devenu Français libre, va mettre son savoir-faire d’organisateur au profit du général Leclerc, du Maroc à l’Indochine en passant par l’Allemagne. De retour en Afrique en 1953, il étend le principe des équipes mobiles aux autres grandes endémies accessibles au traitement et aux vaccins. Richet organise d’abord la lutte contre la lèpre et lance des programmes de vaccination. En 1955, il reprend son combat contre l’onchocercose et déploie le premier programme de lutte insecticide à grande échelle au Tchad. L’échec à moyen terme de ce prototype sera le ferment de sa réflexion scientifique, interdisciplinaire et organisationnelle qui fleurit à Bobo-Dioulasso. À l’orée de l’indépendance des pays de l’Afrique francophone, et à contre-courant du mouvement politique, il obtient en 1960, la création d’une organisation supranationale, l’OCCGE, commune à 8 pays d’Afrique de l’Ouest dont il prend la direction pour une décennie. Tirant les leçons du passé, et en l’absence de traitement médicamenteux efficace, Richet le médecin, va jouer d’une part la carte entomologique avec l’appui technique de l’Orstom1 (IRD) dont le travail approfondi permet d’élaborer une stratégie, et d’autre part celle de la multilatéralité aboutissant en 1974 au lancement de l’extraordinaire programme de lutte contre l’onchocercose (OCP). Si Jamot est celui qui a réveillé l’Afrique, Richet est celui qui lui a rendu la vue mais aussi des millions d’hectares de terre cultivables.