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Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

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Polykystoses rénales et polykystoses hépatiques Volume 26, numéro 8, Octobre 2019

Illustrations


  • Figure 1

  • Figure 2

  • Figure 3

Tableaux

Auteur
CHU Rangueil, Département de néphrologie et transplantation d’organes & Centre de référence maladies rénales rares, INSERM 1048 et Université Toulouse-3, Toulouse
* Correspondance

La physiopathologie des maladies kystiques héréditaires du foie et des reins (polykystose hépatique/PKH ou polykystose rénale/PKR) a été éclairée par l’identification récente des gènes responsables des formes à tropisme rénal prééminent (PKD1, PKD2 ; exceptionnellement GANAB et DNAJB11), ou à tropisme hépatique prédominant ou exclusif (PRKCSH, SEC63, SEC61B, ALG8 et LRP5). La polycystine-1 (PC1) codée par PKD1 est une protéine ciliaire exprimé dans une organelle sensorielle, le cil primaire. Dans les cellules tubulaires rénales et les cholangiocytes, ce cil est un récepteur sensible à des stimulus mécaniques, chimiques ou osmotiques qui influencent la prolifération ou la sécrétion des cellules épithéliales. PC1 interagit étroitement avec la polycystine-2 (PC2). Les produits des autres cystogènes mentionnés sont impliqués dans la maturation et l’adressage de PC1 dans le réticulum endoplasmique. Le complexe PC1-PC2 contrôle le calcium et la concentration d’AMPc intracellulaires. Les mutations des cystogènes diminuent la concentration de PC1 en dessous du seuil critique nécessaire pour s’opposer à la kystogenèse dans le rein et le foie. Dans la PKR, deux outils permettent désormais d’évaluer le risque de progression vers l’insuffisance rénale terminale (IRT) : le volume rénal total mesuré par TDM ou IRM, et un score clinico-génétique qui s’appuie sur la nature de la mutation familiale (PKD1 tronquante, PKD1 non tronquante ou PKD2) : l’âge médian de l’IRT est de 55, 69 et 77 ans respectivement. La compréhension des voies de signalisation impliqués dans la kystogenèse a permis de tester deux pistes médicamenteuses qui ont pour cible commune une diminution de l’AMPc intracellulaire afin de s’opposer aux formes graves de polykystose rénale ou hépatique : le tolvaptan est un antagoniste sélectif des récepteurs V2 de l’hormone anti-diurétique qui réduit la croissance des kystes rénaux et ralentit d’environ 30 % le déclin de la fonction rénale ; les analogues de la somatostatine ont une efficacité établie à court et moyen terme pour bloquer la croissance du volume hépatique. Cette option peut être proposée dans la PKH massive diffuse et symptomatique aux malades soigneusement évalués et sélectionnés en alternative à fenestration ou résection hépatique, ou à la greffe du foie.

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