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Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement

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Personnalité et risque de démence Volume 8, numéro 4, décembre 2010

Auteurs
CMRR du Limousin, Centre hospitalier Esquirol, Limoges, Service d'endocrinologie, CHU Dupuytren, Limoges

Après un rappel sur la personnalité et ses troubles envisagés selon les approches catégorielle et dimensionnelle, ainsi que sur les conceptions actuelles des démences et leurs facteurs de risque, ce travail développe les relations entre personnalité pré-morbide et risque de survenue d'une démence. Sont rapportées les données à caractère spéculatif et les études apportant des preuves indirectes par le biais du style de vie, des habitudes et des conduites pathologiques. Les variables catégorielles et dimensionnelles de la personnalité sont étudiées respectivement par les classifications en clusters du DSM et deux instruments contributifs : l'inventaire de tempérament et de caractère (TCI) de Cloninger à 7 dimensions qui propose une approche psychobiologique et le NEO Personality Inventory (PI) de Costa et McCrae à 5 facteurs. Le risque de démence est plus élevé chez les sujets appartenant au cluster C du DSM (par ordre de sévérité : personnalités dépendante, évitante puis obsessionnelle). Selon le TCI, les trois personnalités ont toutes un score élevé à la dimension du tempérament « évitement du danger » qui augmente le risque de démence. Concernant les cinq facteurs approchés par le NEO PI, le risque est accru avec des bas niveaux d'extraversion, des caractères ouvert, agréable et consciencieux et un niveau élevé de nervosisme. Des postulats biologiques sont intriqués avec ces deux modèles qui présentent des corrélations cohérentes entre leurs dimensions respectives. Des niveaux élevés de nervosisme et d'évitement du danger sont à relier avec une activité sérotoninergique basse, une neuroplasticité déficiente, des anomalies du cortisol et un impact plus délétère selon le type de situations stressantes. La régulation du cortisol diffère en fonction de la personnalité et la dérégulation de l'axe corticotrope jouerait un rôle dans la survenue des processus démentiels. Repérer les personnalités vulnérables pourrait déboucher sur des recommandations de prévention.