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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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L’éducation à l’antibiothérapie à domicile : alternative pragmatique et éthique de la gestion thérapeutique des IST chez les jeunes de la rue à Kinshasa Volume 19, numéro 4, octobre-novembre-décembre 2009

Auteurs
IRSS/HELESI UCL/ Belgique Clos Chapelle-aux-champs 301200 Woluwe-Saint-LambertBelgique, Université de Montréal Département d’administration de la santéFaculté de médecineUniversité de MontréalCanada, École de santé publique Université de Kinshasa RDC KinshasaRépublique démocratique du Congo, Centre interdisciplinaire de bioéthique pour l’Afrique francophone RDCÉcole de santé publiqueUniversité de KinshasaRépublique démocratique du Congo

Tout prestataire de soins « décide à la place de ». Ce faisant, ne prend-il pas part à une longue tradition, celle du paternalisme médical ? Le malade est traité comme un enfant, un être structurellement incapable de prendre les décisions qui le concernent. Mais que faire face à des malades comme les enfants des rues, en République démocratique du Congo, qui, loin d’adhérer à notre système de santé, refusent soins et prescriptions ? Ce refus du rôle du soignant nous force à rechercher des stratégies pour dissiper les conflits, à nous adapter au contexte (automédication, vente de médicaments en dehors des officines, etc.), mais surtout à repenser la relation soignant/malade. Il ne s’agit pas d’abandonner le modèle patriarcal autoritaire au profit d’un relativisme total – l’emploi de médicaments comme les antibiotiques est et doit rester encadré de toutes les précautions nécessaires, pour éviter que les résistances ne se renforcent – ; il s’agit de former et d’informer. La tâche qui s’offre à nous est celle d’une éducation thérapeutique, un processus long et continu, centré sur le malade et intégré aux soins qu’il reçoit, qui vise à le rendre capable de gérer au mieux sa maladie. Cette démarche s’intègre dans une approche pragmatique : au-delà de l’asymétrie constitutive de toute relation de pouvoir, il faut rétablir une confiance éclairée, rechercher l’adhésion et non la contrainte. Seul ce pragmatisme peut inciter, en cas d’infections sexuellement transmissibles, des jeunes gens des rues à recourir à la médication moderne et à respecter les posologies. Une gestion thérapeutique efficace des IST n’est-elle pas, selon l’OMS, un des leviers les plus puissants de lutte contre la transmission du sida ?