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Bulletin du Cancer

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Consommation de graisses et cancer du sein : résultats préliminaires de la cohorte E3N-Epic Volume 88, numéro 10, Octobre 2001

Auteurs
Inserm U. 521, Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif Cedex.

Trois synthèses de la littérature ont récemment conclu à une augmentation possible du risque de cancer du sein avec une consommation élevée de graisses, totales, saturées ou animales. Toutefois, ces résultats dépendent fortement du type d'enquête ; notamment, la plupart des études de cohorte ne mettent en évidence aucune association. Nous présentons ici les résultats d'une analyse préliminaire de la relation entre consommation de graisses et cancer du sein dans la cohorte E3N-Epic, étude épidémiologique auprès de femmes de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale, composante française de l'European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition. La consommation de graisses a été décrite par les quantités journalières d'aliments et de nutriments, calculées à partir d'un questionnaire de fréquence alimentaire. L'effet de ces variables sur le risque de cancer du sein a ensuite été estimé au moyen d'un modèle de Cox. Parmi les 65 879 femmes incluses pour cette étude et au cours d'un suivi moyen de 3,4 ans, 838 ont développé un cancer du sein. L'apport énergétique moyen était de 2 073 kcal (écart type 540), provenant pour 37 % des lipides. Les produits laitiers et les huiles végétales étaient les sources principales de lipides dans l'alimentation. Une association positive a été trouvée entre consommation de graisses et risque de cancer du sein : l'excès de risque était estimé à 37 % pour les femmes du dernier quartile d'apport lipidique comparé au premier (RR 1,37, IC95 % = 0,99-1,89). Aucun autre effet, ni des acides gras, ni des aliments contribuant à l'apport lipidique, n'a pu être détecté. Au vu de ces résultats préliminaires, le prolongement du temps de suivi semble nécessaire pour accroître la puissance statistique et confirmer les tendances observées.