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Virologie

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La rougeole et son virus Volume 15, numéro 1, Mars 2011

Auteurs
Centre national de référence de la rougeole et des Paramyxoviridae respiratoires, Laboratoire de virologie humaine et moléculaire, CHU, avenue Georges-Clemenceau, 14033 Caen, France, Institut de veille sanitaire, 12, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice Cedex, France, Inserm U758, Immunobiologie des infections virales, 69365 Lyon, France

Après la diminution spectaculaire de la rougeole grâce à la vaccination, celle-ci est réapparue en 2008, où 604 cas ont été déclarés à l’Institut national de veille sanitaire (InVS), puis 1 544 cas en 2009 et 2 605 jusqu’en juin 2010. Parallèlement, 86 souches virales ont été identifiées au Centre national de référence de la rougeole et des Paramyxoviridae respiratoires (CNR) à partir de prélèvements salivaires en 2008, 316 en 2009 et 946 jusqu’en aoÛt 2010. La réalité de l’épidémie est étayée par l’accroissement des cas endémiques : 0,9 cas pour 100 000 habitants en 2008 et quatre en 2010, la diffusion à toutes les régions françaises, et l’atteinte plus spécifique des petits nourrissons : 4 % en 2008 et 9 % en 2010, et des sujets âgés de 20 ans ou plus : 17 % en 2008 et 38 % en 2010. La majorité des cas (82 %) survient évidemment chez des sujets non vaccinés contre la rougeole. Le nombre de cas hospitalisés a augmenté passant de 18 % en 2008 à 34 % en 2010. Le virus de l’épidémie est un génotype D4. Il apparaît en 2008, puis s’étend en 2009 et 2010, représentant 19, 75 et 99 % des virus caractérisés. Tous les virus de ce génotype sont proches de la souche Montréal.CAN/89xD4 décrite en 1989. Au début de l’épidémie en France, dans la région de Reims, quelques souches étaient proches du variant identifié en Angleterre en 2007 : MVs/Enfield.GBR/14.07(D4). Mais aujourd’hui la grande majorité d’entre elles (95 %) sont identiques à un variant qui a causé un petit foyer de rougeoles en Vendée au dernier trimestre 2008 : MVs/Montaigu.FRA/43.08(D4). Le diagnostic salivaire, qui a été introduit en France à l’occasion de la déclaration obligatoire de la rougeole, est très efficace : 75 % des échantillons sont prélevés dans les quatre premiers jours de l’éruption, et la recherche de l’ARN est positive dans 536 (81 %) des 660 salives reçues au CNR jusqu’à ce jour en 2010 \; 136 (21 %) des salives contiennent des IgM anti-rougeole et 18 % n’ont ni ARN, ni IgM.