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Virologie

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Interactions entre les différentes souches du virus de l‘hépatite C lors de surinfections Volume 7, numéro 6, novembre-décembre 2003

Auteur
Laboratoire de virologie, CHU Purpan, Toulouse
  • Page(s) : 465
  • Année de parution : 2003

Auteur(s) : A. Boulestin

Laboratoire de virologie, CHU Purpan, Toulouse

Des cas de surinfection par des souches différentes du virus de l'hépatite C (VHC) ont été décrits, particulièrement dans des populations présentant un risque élevé d'infection comme les toxicomanes et les hémodialysés. Les interactions entre le virus et l'organisme hôte ainsi qu'entre les différentes souches virales en présence entraînent alors une co-infection ou la prédominance d'une des souches. Dans cette étude [1], la transplantation hépatique avec donneur et receveur chroniquement infectés par le VHC a été utilisée comme modèle de surinfection. La présence simultanée des souches du donneur et du receveur n'a été mise en évidence dans aucun des six cas étudiés. La co-existence des deux souches apparaît comme un phénomène transitoire, conduisant rapidement à la prédominance d'une des souches, et ce dès le quatrième mois après transplantation. La souche prédominante était celle du receveur dans trois cas et celle du donneur dans les trois autres cas. L'issue de la compétition entre les souches au moment de la transplantation semble dépendre du génotype : le génotype 1a apparaît comme prédominant par rapport au génotype 1b, lui-même prédominant vis-à-vis du génotype 2b. Lors d'une compétition entre deux souches de génotype 1a, c'est alternativement la souche du donneur et celle du receveur qui devient prédominante.
Aucune recombinaison génétique entre les souches du donneur et du receveur n'a été mise en évidence, y compris par séquençage du génome viral complet. Bien que les phénomènes de recombinaison soient considérés comme courants chez les virus à ARN, une seule souche de VHC recombinante a été décrite à ce jour [2]. Les auteurs émettent plusieurs hypothèses pour expliquer la rareté des souches VHC recombinantes [1]. Des recombinaisons pourraient effectivement survenir lors de surinfections, mais les variants recombinants constitueraient des populations virales minoritaires ou disparaîtraient en raison d'une capacité réplicative réduite. Une autre possibilité serait l'existence d'un phénomène d'exclusion de surinfection : les hépatocytes déjà infectés par un virus ne pouvant pas être à nouveau infectés, les recombinaisons ne seraient alors plus possibles.
Les co-infections apparaissent donc comme très rares dans le modèle de la transplantation hépatique avec donneur et receveur chroniquement infectés par le VHC. Ce modèle est cependant difficilement accessible, car les patients porteurs du VHC sont exclus du don d'organe dans la plupart des pays. Il serait intéressant d'étudier la fréquence des co-infections et les éventuels événements de recombinaison lors de surinfections liées à la transmission nosocomiale ou à la toxicomanie intraveineuse.

Références

1. Fan X, Lang DM, Xu Y, et al. Liver transplantation with hepatitis C virus-infected graft : interaction between donor and recipient viral strains. Hepatology 2003 ; 38 : 25-33.

2. Kalinina O, Norder H, Mukomolov S, Magnius LO. A natural intergenotypic recombinant of hepatitis C virus identified in St. Petersburg. J Virol 2002 ; 76 : 4034-43.