Virologie
MENUEvolution de la résistance aux antirétroviraux pendant le temps de la réalisation du test de résistance Volume 7, numéro 5, septembre-octobre 2003
- Page(s) : 375
- Année de parution : 2003
Auteur(s) : L. Morand-Joubert
Service de bactériologie-virologie, Hôpital Saint-Antoine, Paris
Rubrique coordonnée par D. ChallineLe test de résistance génotypique fait aujourd'hui partie
intégrante de la stratégie thérapeutique. Il sert à choisir le
meilleur traitement antirétroviral en fonction des mutations de
résistance présentes sur les gènes de la transcriptase inverse et
de la protéase. La réalisation de cet examen nécessite un temps
assez long pendant lequel l'augmentation de la résistance avec
l'accumulation de nouvelles mutations est possible, le patient
étant toujours en échec virologique sous le même traitement
antirétroviral. Pour répondre à cette question, les auteurs de cet
article ont utilisé les données de résistance provenant de
30 patients inclus dans l'étude Crest qui comparait
initialement l'intérêt du génotype par rapport au phénotype
virtuel. Pour chaque patient, la résistance génotypique était
analysée au moment de la randomisation et au moment du changement
du traitement adapté en fonction des résultats du précédent
génotype. La durée entre le test de résistance effectué lors de la
randomisation et le changement du traitement était en moyenne de
37,3 jours (22-135). Durant cette période, un tiers des
patients (9/30) perdait ou gagnait des mutations associées à la
résistance aux inhibiteurs de la transcriptase inverse. Chez
7 patients, il y avait une ou deux mutations supplémentaires,
de type TAM pour 5 d'entre eux. Un seul patient modifiait son
génotype de résistance aux inhibiteurs de protéase avec l'addition
d'une mutation majeure (M46I). La modification du génotype n'était
pas associée au niveau de la charge virale, ni à la durée de
réalisation du test. En revanche, l'accumulation de nouvelles
mutations était liée significativement à la durée totale du
traitement antirétroviral reçu dans le passé (8,7 ans pour les
patients avec des mutations supplémentaires versus
5 ans pour les patients sans modification ou avec perte de
mutations).
De façon non négligeable, chez 20 % des patients, il y avait
une acquisition ou une augmentation de la résistance avec une
incidence potentielle sur la nature du traitement choisi. Dans
cette étude, le délai d'obtention des résultats du génotype pour
chacun des patients était relativement long, de 5 semaines en
moyenne et jamais inférieur à 3 semaines. De ce fait, il reste
à déterminer si un temps de réalisation plus court (de
2 semaines) permettrait d'éviter la sélection de toute
nouvelle mutation ou s'il faudrait envisager d'interrompre le
traitement en attendant le résultat du génotype ?
Référence
Birch C, Middleton T, Hales G, et al. Limited evolution of HIV antiretroviral drug resistance-associated mutations during the performance of drug resistance testing. J AIDS 2003 ; 32 : 57-61.