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Prévention primaire du diabète de type 2 Volume 13, numéro 10, Décembre 2001

Auteurs
service de médecine B, hôpital Lariboisière, 75010 Paris.

L'évolution prévisible au cours des 25 prochaines années de l'incidence et de la prévalence du diabète de type 2 dans les pays industrialisés et surtout dans les pays en voie de développement revêt une allure de pandémie. Cinq à dix ans plus tard, surviendra une explosion de complications coronaires et vasculaires que sous-tend le diabète de type 2. En sont responsables une modification des habitudes de vie, avec une réduction croissante de l'activité physique, des dépenses énergétiques en général, et une augmentation des apports alimentaires en calories, en graisses, en acides gras saturés, en sucres raffinés... L'insulinorésistance qui en résulte vient révéler un diabète en cas de susceptibilité héréditaire ou congénitale à une dysfonction insulaire, par une anomalie de compensation par la cellule beta de l'augmentation des besoins en insuline. Des études d'intervention de prévention primaire ont été fondées sur la correction des facteurs de risque de diabète « modifiables », c'est-à-dire sur la modification de l'alimentation et l'activité physique. Les résultats des deux études actuellement disponibles, une étude chinoise et une étude finlandaise, indiquent que des modifications simples des habitudes de vie peuvent réduire de manière importante l'évolution vers un diabète de patients présentant une intolérance au glucose, l'une des premières anomalies de la glycorégulation qui précèdent le diabète. Ces résultats sont encourageants, et doivent conduire à une prise de conscience des autorités de santé, car seule une intervention à l'échelle de la communauté peut infléchir l'évolution vers la pandémie annoncée. Le diabète de type 2 pose en ce début du troisième millénaire un véritable problème de santé publique, du fait de l'augmentation de sa prévalence, qui atteint l'ampleur d'une véritable épidémie, et des complications rétiniennes, rénales, nerveuses et cardiovasculaires qui en seront la conséquence, avec un décalage de 5 à 10 ans. Le diabète de type 2 représente 90 à 95 % de toutes les formes de diabètes. La maladie concernait en l'an 2000 plus de 135 millions de patients dans le monde, soit 4 % de la population [1]. Le nombre de diabétiques de type 2 en France était alors proche de 2 millions, soit 3 % de la population. Les projections pour l'année 2025 fixent la prévalence du diabète de type 2 à 5,4 % de la population mondiale, soit 300 millions de patients, dont la majorité vivra dans les pays en voie de développement. L'augmentation prévue pour les pays industrialisés est de 42 %, soit 51 à 72 millions de patients, et celle qui est estimée dans les pays en voie de développement est de 170 %, soit une augmentation de 84 à 228 millions de patients. La plus grande partie des patients seront des citadins. Les pays qui auront le nombre le plus important de diabétiques en 2025 seront la Chine, l'Inde et... les États-Unis d'Amérique. Actuellement, dans les pays industrialisés, la majorité des diabétiques de type 2 a plus de 65 ans, et cette répartition s'accentuera encore en 2025 [1]. Une fois fait ce constat pessimiste, ou plutôt objectif, il est difficile de ne pas s'interroger sur les possibilités de prévention primaire du diabète de type 2. Cette prévention peut être fondée sur nos connaissances en matière de physiopathologie du diabète de type 2, mais aussi sur l'histoire des civilisations, l'ethnologie, l'éthologie et la sociologie de la maladie, et, comme confirmation de ce raisonnement, sur les résultats des études d'intervention.