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Sciences sociales et santé

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Naissance et développements de la psychologie de la santé Volume 20, numéro 4, Décembre 2002

Auteur
INSERM U379, Laboratoire de Psychologie Sociale, Université de Provence, 29, avenue R. Schuman, 13621, Aix-en-Provence, France
  • Page(s) : 129
  • Année de parution : 2002

La psychologie occupe aujourd’hui une place singulière dans le découpage pratique et théorique des sciences sociales de la santé. Dans un emploi subalterne et banalisé, elle est, comme psychologie clinique, une assistance reconnue de la pratique médicale ou une source très ancienne d’inspiration de multiples analyses, modélisations et stratégies prospectives, élaborées aussi bien dans le champ de la recherche médicale traditionnelle que dans les disciplines motrices ou dominantes dont la revue Sciences Sociales et Santé accompagne les avancées depuis vingt ans : l’épidémiologie, l’économie, la sociologie et l’anthropologie. Dans un emploi plus récent, elle construit progressivement des approches qui revendiquent une spécificité d’objet et de compétence organisée depuis peu sous le sigle « Psychologie de la santé ». Cette affirmation s’est énoncée pendant longtemps en contributions prudentes et raisonnables, avec une allégeance polie à l’interdisciplinarité, mais aussi avec quelques mises en cause fondamentales des approches dominantes de la maladie, en appui notamment sur les observations de la psychologie clinique et les principes de la psychanalyse. Avec la fin du vingtième siècle, on a assisté à une institutionnalisation et une diffusion plus ferme qui rend plus visible un champ de recherche et de propositions en voie de renouvellement. Manuels, traités, ouvrages de synthèses, création de revues spécialisées en langue anglaise ou numéros spéciaux se sont multipliés, aux États-Unis d’abord qu’on peut considérer comme la terre-mère des fondements de la psychologie de la santé (Baum et al., 2001 ; Sarafino, 1990) puis dans tout l’espace de la psychologie internationale et, en particulier, dans l’ensemble des pays européens à partir d’abord du Royaume-Uni et des Pays-Bas (Kaptein et al., 2000 ; Marks, 2000 ; Ogden, 1997) avant de gagner l’Europe du sud et la France (Bruchon-Schweitzer, 2002 ; Fisher, 2002 ; Petrillo, 2000). Ce dynamisme éclaté, multiforme et spatialement très dispersé se prête mal aux états des lieux clairement et objectivement établis. Il est possible néanmoins de repérer quelques traits marquants de l’histoire, des enjeux et des perspectives d’un champ de recherche qui pourraient bien constituer une des voies les plus prometteuses du renouvellement critique en cours de la psychologie.