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Sciences sociales et santé

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Décision et jugement médicaux en situation de forte incertitude : l’exemple de deux pratiques cliniques à l’épreuve de la génétique Volume 26, numéro 1, Mars 2008

Auteurs
sociologue, Aix-Marseille Université (a), UMR 912 INSERM-IRDAix-Marseille Université (b), Institut Paoli-Calmettes IPC (c), 232, boulevard Sainte-Marguerite, 13273 Marseille Cedex 9, France, sociologue, CSI École des Mines de Paris (d), 60, boulevard Saint-Michel, 75272 Paris Cedex 06, France

L’introduction de la génétique dans des champs médicaux est souvent présentée par les professionnels comme un moyen de renforcer le travail clinique en l’appuyant sur des bases objectives. Ce mouvement a pu être interprété comme l’expression d’un réductionnisme génétique qui gagnerait progressivement la médecine. À partir d’une comparaison entre deux pratiques cliniques — l’une en oncogénétique, l’autre en psychiatrie génétique — l’article propose une lecture différente. Il souligne la présence dans ces pratiques d’incertitudes fortes et nombreuses, et montre comment la qualification de ces incertitudes, en partie générées dans le cours même de leurs activités, devient un objet central pour les professionnels impliqués. Le contenu, les acteurs et les modalités du travail médical en sont transformés. Les objets d’investigation de la clinique sont étendus à des entités biomédicales incertaines et instables : risque de maladie, gènes et mutations, associations mal connues de troubles de différentes natures... L’élaboration des jugements et décisions cliniques passe ainsi par un travail de stabilisation — provisoire — de ces entités biomédicales et des syndromes qui leur sont possiblement associés. Ce travail n’est plus effectué par le clinicien individuel mais par des collectifs pluridisciplinaires qui mobilisent de multiples modes de jugement et formes d’expertise.