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Sciences sociales et santé

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Ces patients « particuliers ». Comment les jeunes médecins (dé)médicalisent les symptômes médicalement inexpliqués ? Volume 38, numéro 1, Mars 2020

Auteurs
* Anthropologue, Aix Marseille Univ., Inserm, IRD, SESSTIM Sciences Économiques & Sociales de la Santé & Traitement de l’Information Médicale, Marseille, France et Institut Paoli-Calmettes, CanBios UMR1252, Marseille, France
** Médecin généraliste libéral
*** Médecin généraliste libéral

À partir d’entretiens de groupe et individuels avec de jeunes médecins généralistes (internes ou récemment diplômés), l’article examine la catégorisation des personnes présentant des symptômes médicalement inexpliqués en patients « particuliers » ou « difficiles ». Il analyse les ressorts de ce processus de catégorisation par les médecins qui se produit lorsqu’ils ont des difficultés à atteindre les idéaux médicaux incorporés lors de leur socialisation professionnelle. La mise en échec de ces idéaux les amène à reconfigurer leur savoir et leur expertise, et les conduit à re-conceptualiser les situations cliniques pour les inclure dans un cadre de pensée qui démédicalise une partie des demandes de soins afin de renforcer leur identité professionnelle. Cette démédicalisation de facto suit plusieurs voies. La première consiste à refuser ou à minimiser la gravité des troubles ressentis, et/ou les situer en dehors d’une prise en charge ordinaire en médecine générale. La seconde requalifie les troubles et le comportement de la personne dans le registre de la déviance morale et/ou médicale.