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Science et changements planétaires / Sécheresse

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Quantification de l'évolution du couvert végétal dans la réserve forestière de Laf-Madjam au nord du Cameroun par télédétection satellitale Volume 21, numéro 3, juillet-août-septembre 2010

Auteurs
IRD US 140 Espace Laboratoire Ermes 5, rue du Carbone 45072 Orléans France

Les réserves forestières du Nord Cameroun, alors qu'elles sont appelées à jouer un rôle de régulateur bioclimatique, font de plus en plus l'objet d'une double contrainte démographique et climatique perceptible sur l'état du couvert végétal dans cette région sèche. L'exemple de la réserve forestière de Laf-Madjam illustre bien cette situation. Les données de télédétection nous ont permis d'analyser le couvert végétal et son évolution dans cette réserve entre 1976 et 2001. Pour ce faire, nous avons adopté une méthode d'analyse fondée sur l'exploitation des images satellites Landsat MSS de 1976, Landsat TM de 1986 et Landsat ETM de 2001. Au travers de la classification hiérarchique pseudo-dirigée, couplée aux relevés de terrain, nous avons caractérisé les types d'occupation du sol en identifiant les éléments constitutifs du couvert végétal en 1976, 1986 et 2001. Les résultats obtenus montrent que la végétation occupait 4 700 hectares en 1976, 6 200 hectares en 1986 et 5 300 hectares en 2001. Le taux annuel d'augmentation du couvert végétal entre 1976 et 1986 est de 1,30 %, alors qu'entre 1986 et 2001, il a régressé de 0,51 %. L'accroissement du couvert végétal mis en évidence sur l'image de 1986 est le fait des campagnes de reforestation lancées par l'État pour pallier les effets de la sécheresse. Quant à la réduction du couvert végétal à la fin des années 1980, elle est imputable à l'extension des activités rurales à l'intérieur de la réserve. L'évolution globalement positive du couvert végétal entre 1976 et 2001 (0,21 % par an) est loin d'être satisfaisante car les directives de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui exigent que seul le tiers de la superficie de ce type d'aires protégées soit exploité, ne sont plus respectées pour cette réserve déjà anthropisée sur 41 % de son étendue (5 000 hectares). La croissance de la population et les pressions qu'elle engendre, menacent l'intégrité de la réserve, en l'absence d'une réelle politique de gestion. La méthodologie qui est développée dans ce travail a permis de mettre en place une base cartographique qui peut constituer un précieux outil de gestion de cette aire protégée. Cette méthode est simple et adaptable à d'autres aires protégées du Cameroun.