JLE

Science et changements planétaires / Sécheresse

MENU

Les parcours du Sahel Volume 17, numéro 1, Janvier-Juin 2006

Auteurs
Centre d’études spatiales de la biosphère (Cesbio), 18, avenue Edouard Belin, bpi 2801, 31041 Toulouse cedex 4 France, 327, rue A.L. De Jussieu, 34090, Montpellier France

Le Sahel est une entité biogéographique définie en première instance par son climat tropical aride à semi-aride, contrôlé par la mousson du golfe de Guinée et l’Harmattan (alizé) saharien. Mais au cours du quaternaire la végétation sahélienne a dû s’adapter à des fluctuations climatiques entre les climats tropicaux humide et aride, voire hyperaride. La distribution des précipitations au cours de la saison des pluies et leur redistribution par ruissellement à la surface des sols sont les facteurs prépondérants de la diversité du couvert végétal et de sa production. Les nuances du régime hydrique des sols qui résultent de l’interaction entre la redistribution des eaux de pluie et la texture des sols, sont à la base d’une forte différenciation des formations végétales, en particulier de leur composante pérenne - arbres et arbustes - alors que la composition des herbacées annuelles varie largement d’une année à l’autre au gré de la distribution des pluies dans l’espace et le temps et de la dynamique du stock semencier. La végétation sahélienne est pauvre en espèces (environ 1 500), parmi lesquelles très peu sont endémiques et d’affinité tropicale. Elle apparaît comme une zone de transition entre les deux souches d’endémisme : soudanienne et saharienne. Les végétations sahéliennes se distinguent de celles d’autres zones arides par la rareté des herbacées pérennes comme de celle des plantes succulentes. Elles sont dominées par des herbacées annuelles, principalement des graminées dont la photosynthèse est de type C 4, associées à des ligneux épars. La strate herbacée se caractérise aussi par une forte micro-hétérogénéité structurelle associée à d’amples fluctuations interannuelles de la composition floristique. La productivité primaire est bridée par la carence en phosphore et en azote assimilables de sols qui sont très pauvres en matière organique. Cela limite le potentiel agricole et forestier et la vocation pastorale du Sahel est contrainte mais aussi protégée par le rythme contrasté imprimé par la mousson aux ressources fourragères. Si l’influence de l’homme et de sa gestion des ressources naturelles est très ancienne et généralisée au Sahel, elle était restée globalement extensive et diffuse jusqu’au XX e siècle. L’essor démographique et l’urbanisation sans précédent que connaît le Sahel depuis les années 1950 ont bouleversé l’occupation des sols et les modes de gestion des ressources et défient la résilience de l’écosystème sahélien.