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Science et changements planétaires / Sécheresse

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La canopée urbaine de Mendoza (Argentine) à l’épreuve de la gestion de l’eau Volume 24, numéro 3, Juillet-Août-Septembre 2013

Auteurs
Université Paris Diderot PRES Sorbonne-Paris-Cité UMR PRODIG (c.c. 7001) 5, rue Thomas-Mann 75205 Paris cedex 13 France

L’agglomération de Mendoza (un million d’habitants) est implantée sur le piémont argentin des Andes. Au cœur de la diagonale aride sud-américaine, elle ne s’est développée que grâce à la dérivation d’une rivière alimentée par la fonte des neiges et des glaciers andins. Les eaux, détournées pour l’agriculture de l’oasis qui ceinture Mendoza (2 211 km 2), irriguent également une canopée urbaine qui ombrage les rues de la ville et les places. Véritable trame verte d’arbres, cette canopée forme pendant la frondaison un tunnel au-dessus des voies et des trottoirs, qui limite à la fois l’entrée des rayons solaires et celle des poussières lors des tempêtes, et qui permet à la population de se déplacer à l’ombre sous des températures agréables. Cette « trame d’ombre » constitue un patrimoine culturel qui favorise la vie sociale et le développement économique durant la longue saison chaude. Or, dans un contexte où la hausse des températures dans les Andes a d’ores et déjà transformé le régime des rivières, dont les hautes eaux correspondent moins à la période des plus grands besoins, l’oasis et l’agglomération se trouvent au cœur d’un paradoxe entre une offre en eau qui baisse et des besoins qui augmentent en saison chaude. Premier secteur pourvoyeur de devises, l’industrie (notamment pétrolière) est de fait prioritaire par rapport aux besoins agricoles ou domestiques, pour une ville qui ne cesse de grandir et de se densifier. Dans ces conditions de gestion de l’eau, la canopée urbaine est la principale victime des restrictions ; elle commence à se détériorer, certains canaux n’étant plus du tout alimentés.