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Science et changements planétaires / Sécheresse

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Culture du coton, pluviosité et dégradation des sols dans le Mouhoun (Burkina Faso) Volume 19, numéro 2, avril-mai-juin 2008

Auteur
GEOLAB-CNRS UMR 6042 FLSH-Université de Limoges 39E rue Camille Guérin 87036 Limoges cedex France

Au Burkina Faso, la commercialisation du coton représente plus de la moitié des recettes d’exportation. Cette culture de rente est pratiquée dans les provinces occidentales du pays où les précipitations annuelles moyennes supérieures à 700 mm permettent sa culture sans complément d’irrigation. S’il est pratiqué comme une culture pluviale, le coton bénéficie néanmoins de soins particuliers et de pratiques agricoles semi-intensives, telles que le labour mécanisé ou l’apport d’intrants minéraux, qui le différencient des cultures vivrières et qui s’expliquent par les revenus monétaires qu’il apporte à ses exploitants. Le contexte climatique du Mouhoun, au cœur de la grande région cotonnière burkinabé, est marqué par l’intensité et la variabilité interannuelle des pluies qui rendent la production du coton très aléatoire et favorisent la dégradation des sols. L’érosion est particulièrement active au début du cycle végétatif du cotonnier, au cours des mois de mai et juin, lorsque les sols, ameublis par un labour mal conduit et trop peu profond mais encore nus, sont soumis à des épisodes pluvieux dévastateurs. Durant cette période, les pluies intenses et discontinues excèdent les besoins du cotonnier, alimentent le ruissellement, et favorisent la désagrégation mécanique des sols. Il en résulte une dégradation du substrat avec pertes en terres et appauvrissement chimique, dégradation qui affecte actuellement plus de 80 % des sols du Mouhoun et qui remet en cause la durabilité des systèmes de culture cotonniers dans les régions productrices, alors même que le coton est la seule source de devises du pays.