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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Qualité de la chirurgie du trichiasis au royaume du Maroc Volume 10, numéro 2, Mars - Avril 2000

Auteurs
Prévention de la cécité et de la surdité, Organisation mondiale de la santé, Genève, Suisse.
  • Page(s) : 81-92
  • Année de parution : 2000

Le travail consistait à apprécier qualitativement les résultats de la chirurgie du trichiasis en termes de fréquence des récidives et des complications à imputer à l’intervention. Une enquête sur la qualité de la chirurgie du trichiasis a été conduite en décembre 1998, sur un échantillon de 750 personnes, tirées au sort à partir des registres de comptes rendus opératoires de 13 centres de santé des provinces de Zagora et d’Errachidia, au Royaume du Maroc. La définition de la récidive était la découverte d’un « cil entrant en contact avec le globe oculaire ». Sept cent quarante personnes purent être examinées (taux de participation : 98,6 %). La population de l’étude est constituée d’une majorité de femmes (63,8 %) et de personnes âgées de plus de 40 ans (83,5 %). L’âge moyen est de 51,8 ans (48,5 ans pour les femmes et 57,4 ans pour les hommes). La technique chirurgicale la plus fréquemment utilisée (91,2 % des cas) est la rotation bilamellaire du tarse. Dans 97,8 % des cas, l’intervention concernait une des paupières supérieures, dans 58,5 % le côté droit. Au moment du passage des enquêteurs, 11,1 % des personnes examinées étaient aveugles (acuité visuelle < 1/20 pour le meilleur des 2 yeux) et 28,9 % étaient considérées comme malvoyantes (acuité visuelle Ž 1/20 mais < 3/10). Par ailleurs, 17,6 % des yeux dont la paupière avait été opérée répondaient à la définition de la cécité et 29 % d’entre eux à la définition de la baisse de vision. Le taux de récidives est estimé à 15,8 %, se répartissant en récidives graves (2,4 %), car intéressant la partie médiane du bord libre en regard de la cornée (donc potentiellement dangereuses pour le devenir fonctionnel de l’œil), et celles (13,4 %) intéressant exclusivement les angles palpébraux, aucun cil n’entrant en contact avec la cornée ; 14,3 % des opérés s’épilent régulièrement. Ceci représente un constat patent d’échec de l’intervention. Les facteurs de risque pour la survenue d’une récidive sont les suivants : être âgé de plus de 40 ans, avoir été opéré dans la province d’Errachidia, avoir été opéré par un médecin généraliste. En revanche, le facteur « temps écoulé depuis l’intervention » ne semble pas influencer la proportion de récidives dans chacune des trois cohortes, constituées a posteriori en fonction de la date d’intervention (recul). Il semble en fait que la majorité des récidives se développent au cours des 12 premiers mois faisant suite à l’intervention. Les complications/séquelles postopératoires retrouvées sont rarement de nature à compromettre la vision, à l’exception de quatre d’entre elles : 3 ptosis et 1 cas de nécrose tégumentaire avec exposition permanente de cornée. Les complications les plus fréquentes sont la rotation excessive du bord libre (surcorrection, 2,3 %) et les nécroses cutanées sans exposition de la cornée (3,6 %). Dans cette série, 15,7 % des yeux examinés présentent une opacité centrale de la cornée, 2,1 % un xérosis. Dans 1,6 % des cas le globe oculaire était soit détruit (phtisis bulbi), soit absent. Une majorité de personnes (51,8 %) accusent une persistance de larmoiement ou de sécrétions.