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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Prévention de la dénutrition et des infections opportunistes chez les patients infectés par le VIH en Afrique de l‘Ouest : une démarche réaliste, nécessaire, préalable aux antirétroviraux Volume 9, numéro 5, Septembre-Octobre 1999

Auteurs
Unité d’oncologie virale, Institut Pasteur, 28, rue du Dr-Roux, 75724 Paris Cedex 15, France.
  • Page(s) : 293-300
  • Année de parution : 2000

Les disparités médicales entre le Nord et le Sud (infrastructures, médicaments, technologies médicales) sont particulièrement criantes face à l’infection par le VIH. Nous proposons en Afrique de l’Ouest une stratégie adaptée aux conditions locales, qui permet d’allouer les ressources disponibles à la prise en charge des patients et non à la réalisation d’investigations paracliniques coûteuses. Son double objectif est d’assurer à faible coût l’amélioration de la qualité et de la durée de vie des patients ainsi que le désengorgement des services hospitaliers déjà saturés. L’analyse du spectre bio-clinique de l’infection par le VIH permet de mettre l’accent sur les manifestations cliniques qui précèdent le stade de sida avéré. Leur diagnostic précoce ainsi que l’analyse fine des données de l’hémogramme, même en l’absence de numération CD4+, doivent permettre aux cliniciens de toutes les structures sanitaires d’identifier les patients nécessitant un suivi médical renforcé, incluant une prophylaxie des infections opportunistes (infections bactériennes, toxoplasmose), un bilan et une correction précoce des désordres nutritionnels. La cachexie est en effet au premier plan du tableau clinique du sida en Afrique de l’Ouest. Son mécanisme est multifactoriel mais les études nutritionnelles récentes insistent sur l’intérêt d’une supplémentation calorique globale pour la prévenir. Un effort de formation des personnels de santé aux troubles nutritionnels de l’adulte doit être entrepris. Notre étude souligne la possibilité, malgré le grand nombre de patients infectés et l’absence de recours aux examens paracliniques sophistiqués, d’organiser une prise en charge rationnelle de l’infection par le VIH. Cette démarche est un préalable indispensable à la mise en place des traitements antirétroviraux combinés, dont le suivi biologique est lourd et, surtout, dont les effets secondaires chez des patients dénutris et exposés à de nombreux agents infectieux ne sont pas connus.