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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Les coûts du paludisme et son impact socio-économique en Afrique Volume 3, numéro 4, Juillet-Août 1993

Auteurs
laboratoire de protozoologie médicale, Institut de médecine tropicale, 155, Nationalestraat, 2000 Anvers, Belgique, service d’entomologie médicale, Institut de médecine tropicale, 155, Nationalestraat, 2000 Anvers, Belgique.
  • Page(s) : 323-30
  • Année de parution : 1993

Pour évaluer de manière précise ce que coûte le paludisme à une communauté, il est classique de distinguer les coûts indirects et directs. Les études et opérations récentes mettent en évidence l’imprécision et certaines contradictions dans les chiffres obtenus. Le coût d’un adulte au repos à cause d’un accès simple de paludisme dépendra de son niveau de qualification, de sa place dans la communauté et de la durée de l’inactivité qui varie, selon les études, de 1 à 6 jours. Le coût du décès prématuré d’un adulte productif, et plus encore celui d’un enfant, sont difficiles à évaluer. La fréquence des accès doit être calculée pour chaque groupe d’âge et par période au cours de l’année. Ces trois éléments permettent d’apprécier le manque à gagner d’un groupe, d’une entreprise confrontée avec le paludisme. Ce sont les coûts indirects. Entre 0 et 60 % des consultations dans les Centres de santé sont des cas de paludisme selon le pays et le moment de l’année. Le prix des traitements dépend du médicament employé. La chloroquine reste le traitement le plus courant, elle est suivie par l’association sulfodoxine-pyriméthamine et la quinine. On a estimé à 0,5 Ecu la dépense par habitant et par an pour le traitement des accès de paludisme à Kinshasa, dans une zone chloroquinosensible. Les cas nécessitant une hospitalisation coûtent plus cher et ils constituent 11 % des accès au Burkina Faso. La létalité du paludisme est difficile à calculer vu l’imprécision du diagnostic et la localisation périphérique du phénomène. Le coût de la prévention par pulvérisations intradomiciliaires au malathion coûte 2,2 Ecus d’insecticide et, en moyenne, 3 Ecus de main-d’œuvre par pulvérisation et par parcelle d’après les actions entreprises au Burundi, soit un total de 0,57 Ecu par habitant. La prévention par moustiquaires imprégnées coûte entre 0,5 et 1,5 Ecu par personne et par an d’après la provenance du matériel et l’endroit de la confection de la moustiquaire. La production locale coûte plus cher que les importations d’Asie. Différentes études ont démontré que l’utilisation des moustiquaires imprégnées réduisait de 60 % environ le nombre d’accès. En admettant un coût direct conservé (l’économie de 60 % sur les traitements étant consacrée au financement des moustiquaires), le coût total du paludisme dans une région africaine pourrait être réduit de moitié. L’accès aux Centres de soins est souvent rendu difficile par l’éloignement et la faiblesse du malade : guérisseurs, pharmacies privées, agents de santé communautaires s’y substituent et sont le plus souvent utilisés par les malades. Les ruptures de stock des médicaments essentiels pourraient être évitées par la mise en application de l’« Initiative de Bamako ». La promotion des moustiquaires devrait être faite, car il apparaît de plus en plus que les communautés désirent contribuer à des actions spécifiques si leur efficacité est garantie.