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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Le paludisme à Antananarivo : évaluation d’une situation post-épidémique Volume 8, numéro 4, Juillet-Août 1998

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  • Page(s) : 257
  • Année de parution : 1998

Au centre des Hauts Plateaux de Madagascar, l’agglomération d’Antananarivo regroupe maintenant près de 1 million d’habitants. En ville, la transmission du paludisme est, depuis longtemps, pratiquement inexistante et seule la population des quartiers très périphériques de l’ouest et du nord, à vocation agricole, a été exposée à cette maladie entre 1985 et 1990. Cependant, les médecins et agents de santé de la ville continuent de déclarer chaque année un grand nombre de cas sans contrôle parasitologique. L’enjeu actuel du programme de lutte contre le paludisme, pour la zone d’Antananarivo, est de savoir si une endémie persiste localement dans la plaine, qui serait susceptible d’être à l’origine d’une reprise rapide de la transmission lors de l’arrêt des pulvérisations d’insecticide. De 1995 à 1996, trois types d’enquêtes ont été menés dans l’agglomération d’Antananarivo, pour préciser la part du paludisme dans les syndromes fébriles et le portage parasitaire chez les enfants asymptomatiques. Ces enquêtes ont été complétées par des études sérologiques. Les dispensaires et les écoles sélectionnés pour ce faire ont été déterminés par leur localisation géographique, assurant un recrutement de sujets de toute la zone périphérique de la ville. Au total, pour les dispensaires, 932 lames ont été lues, correspondant à 10 % des consultants totaux des jours d’enquête et à 74 % des fébriles. Dans les écoles, 1 545 enfants ont été enrôlés et revus deux fois. Les indices paludométriques observés lors de ces enquêtes sont de 0,5 % pour l’indice splénique chez les fébriles comme chez les écoliers, de 2,5 % pour l’indice plasmodique global chez les malades et de 0,8 % chez les enfants. La séroprévalence est de 2,5 % chez les enfants en juin 1995 et 11,6 % en janvier 1996. En fin de compte, tous ces éléments, confrontés aux données des publications médicales concernant les épidémies précédentes, nous permettent de penser que nous sommes dans une situation post-épidémique où, parallèlement aux accès palustres dus aux voyages en zone de forte transmission, quelques cas autochtones sont déclarés. Dans certaines zones situées en bordure de rizières de coteaux, comme la région d’Alasora, une transmission sporadique semble persister, vraisemblablement liée à la présence d’Anopheles arabiensis. La situation semble donc identique à celle de 1963.