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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Évaluation du coût de la lutte antituberculeuse à Djibouti en 1989 Volume 3, numéro 6, Novembre-Décembre 1993

Auteurs
DIM/Inserm, U. 330, université de Bordeaux II, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux Cedex, France, ministère de la Santé publique, Djibouti, Assistance publique, hôpitaux de Paris, 2, avenue Victoria, 75001, Paris, France, Centre Paul-Faure, Djibouti.
  • Page(s) : 451-6
  • Année de parution : 1993

La tuberculose est le problème de santé publique majeur à Djibouti, avec une incidence de la tuberculose pulmonaire commune comprise entre 180 et 200 pour 100 000, ce qui correspond à un risque annuel d’infection de 3,2 à 3,5 %. La revue du programme de lutte antituberculeuse, faite à la demande du ministère de la Santé de la République de Djibouti en mai 1989, a été l’occasion d’en évaluer le coût. Il a été tenu compte de la charge en personnel, des amortissements (bâtiments, équipements et véhicules) et de la dépense en consommables (médicaments et hôtellerie). Le coût total de la lutte antituberculeuse a été estimé à 1 044 762 $ en 1989, ce qui représente 0,5 % du produit national brut. Il s’élève à 522 $ par malade traité et à 870 $ par malade guéri. Les salaires représentent 31 % du coût total, les coûts médicaux (médicaments, produits de radiologie et de laboratoire) 25 %, l’hôtellerie 15 %, les frais récurrents 8 % et les amortissements 21 %. La lutte antituberculeuse ne peut être envisagée à Djibouti sans référence à l’endémie dans les pays voisins. La qualité des soins dispensés au Centre Paul-Faure et dans les dispensaires de district attire les malades des pays voisins, qui vivent dans un quasi-désert sanitaire. Plus de 40 % des tuberculeux traités dans les structures djiboutiennes sont de nationalité somalienne ou éthiopienne. La prise en charge par la république de Djibouti d’une telle proportion de malades étrangers pose un sérieux problème de financement. La mise en place, à cet effet, d’une structure régionale au niveau de la Corne de l’Afrique devrait être envisagée. Plus généralement, cette étude soulève le problème du financement de la lutte antituberculeuse dans les pays en développement. A Djibouti comme ailleurs, la gratuité des soins pour les tuberculeux peut laisser croire que le programme ne coûte rien. L’occasion est donnée de rappeler le contraire. La lutte antituberculeuse coûtera même de plus en plus cher, en raison de l’augmentation du nombre de malades à traiter, du développement des tuberculoses croisées avec le VIH et du renchérissement des protocoles thérapeutiques. La maîtrise de la croissance des dépenses est donc une priorité pour les responsables de la lutte antituberculeuse, faute de quoi, nous risquons d’assister, soit à une détérioration de la qualité des soins, soit à une dépendance croissante par rapport à l’aide étrangère. L’une des stratégies pour maîtriser la croissance des dépenses consiste à réduire le coût par malade guéri, donc à diminuer le nombre d’interruptions du traitement.