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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Évaluation des conséquences psychologiques des catastrophes environnementales : une étude de faisabilité à partir des inondations de 1992 dans le Vaucluse (France) Volume 9, numéro 5, Septembre-Octobre 1999

Auteurs
Institut de protection et de sûreté nucléaire, Département de protection de la santé de l’homme et de dosimétrie, Service d’évaluation et de gestion des risques, Laboratoire d’épidémiologie et d’analyse du détriment sanitaire, IPSN, Fontenay-aux-Roses, France. Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, 23, rue Stanislas-Torrents, 13006 Marseille, France. Université catholique de Louvain, Faculté de psychologie, Unité de recherche en psychologie clinique et sociale, Louvain-la-Neuve, Belgique.
  • Page(s) : 313-8
  • Année de parution : 2000

Des études anglo-saxonnes ont montré que l’impact psychologique des catastrophes environnementales naturelles pouvait être important et durable. En septembre 1992, une inondation s’est produite dans le Sud-Est de la France (Vaucluse) et a entraîné 38 décès. Une étude pilote a été réalisée quatre ans après pour tester la faisabilité d’une étude épidémiologique de l’impact psychologique de cette catastrophe. Deux communes ont été choisies : Vaison-la-Romaine où l’inondation fut soudaine et meurtrière (29 décès), et Bédarrides où elle fut plus progressive. Des ménages ont été tirés au sort à partir d’une liste de victimes à Bédarrides (n = 100) et de l’annuaire téléphonique 1992 à Vaison-la-Romaine (n = 140). Le questionnaire avait pour objectif d’évaluer des niveaux d’exposition lors de l’inondation et incluait des échelles psychométriques pour l’évaluation de l’état de stress post-traumatique (ESPT), des troubles anxieux (Spielberger) et dépressifs (Beck). À Bédarrides, l’étude a été bien acceptée, le taux de ménages éligibles contactés atteignant 69 % et celui de participants 74 %. À Vaison-la-Romaine, les taux correspondants n’ont été que de 51 et 50 %. Un indicateur d’exposition a pu être élaboré à partir des multiples situations d’exposition rencontrées lors de l’événement. L’échelle d’ESPT a été bien acceptée contrairement aux échelles de dépression et d’anxiété pour lesquelles de nombreuses non-réponses ont été observées. Les analyses chez les répondants ont montré une excellente cohérence interne de ces instruments et une association entre certains indicateurs psychométriques et le niveau d’exposition à la catastrophe. Cette étude montre que l’évaluation de l’impact psychosocial d’une catastrophe naturelle peut être envisagée plusieurs années après sa survenue mais que sa faisabilité dépend fortement de l’acceptabilité de la population et des autorités. Cette étude pilote qui a permis également d’identifier et d’adapter les outils nécessaires à ce type d’évaluation devrait inciter les décideurs de santé publique des pays développés comme ceux des pays en développement, à promouvoir ces évaluations et à renforcer la prise en charge psychologique et sociale des personnes victimes des inondations passées et à venir.