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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Estimation du taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant : problèmes méthodologiques et estimations actuelles Rapport de deux ateliers de travail (Gand, Belgique, 17-20 février 1992 et 3-5 septembre 1993) Groupe international de travail sur la transmission mère-enfant du VIH Volume 4, numéro 2, Mars-Avril 1994

Auteur
Unité Inserm 330, Université de Bordeaux II, 146 rue Léo-Saignat, 33076, Bordeaux cedex, France.
  • Page(s) : 73-86
  • Année de parution : 1994

Durant les huit dernières années, de nombreuses études de cohorte ont été réalisées pour estimer le taux de transmission mère-enfant du VIH. Nombre d’entre elles ont rencontré des problèmes de collecte et d’analyse des données rendant difficile la comparaison des taux de transmission. Deux séminaires sur les aspects méthodologiques de l’étude de la transmission mère-enfant du VIH et l’estimation de son taux se sont tenus à Gand, en Belgique, en février 1992 et septembre 1993. Quatorze équipes de chercheurs y ont participé, et ont présenté le résultat des études menées en Afrique Centrale (5), en Afrique de l’Est (3), en Europe (2), à Haïti (1) et aux États-Unis (3). Une évaluation critique de ces études a été effectuée dans quatre grands domaines : procédures d’enrôlement et de suivi, critères diagnostiques et définitions de cas, mesure et comparaison des taux de transmission mère-enfant et, enfin, déterminants de la transmission. Les taux de transmission rapportés variaient de 13 à 32 % dans les pays industrialisés et de 25 à 48 % dans les pays en développement. Néanmoins, aucune comparaison directe ne pouvait être faite en raison des différences de méthode de calcul entre les études. Après une synthèse des informations disponibles, une méthodologie commune a été élaborée au cours du premier atelier en 1992. Un consensus a été obtenu sur les définitions des signes/symptômes liés au VIH et du Sida pédiatrique et sur les décès causés par le VIH. La classification des enfants nés de mères infectées par le VIH-1, selon leur statut présumé d’infection par le VIH pendant les 15 premiers mois de leur vie, a permis l’élaboration d’une méthode directe de calcul du taux de transmission. Une méthode indirecte a été également mise au point pour les études comprenant un groupe de référence d’enfants nés de mères séronégatives pour le VIH. Cette approche standardisée a été ensuite appliquée aux données disponibles afin d’actualiser les estimations précédentes et de permettre une comparaison des taux de transmission du VIH-1 de la mère à l’enfant dans treize études. Ces taux de transmission ont été calculés avec les méthodes directe et indirecte, présentés et analysés lors du second atelier en 1993. Les taux de transmission calculés avec l’estimation intermédiaire de la méthode directe s’échelonnaient de 12,7 à 42,1 %. Les estimations du taux de transmission obtenues avec la méthode indirecte variaient de 20,7 à 42,1 %. Les taux de transmission calculés à l’aide de la méthode directe dans les pays industrialisés s’étendaient de 14 à 25 %. Dans les pays en développement, ces taux allaient de 13 à 42 % avec la méthode directe et de 21 à 43 % avec la méthode indirecte. La plupart des études donnaient des taux de transmission entre 25 et 30 %. D’une manière générale, les deux méthodes donnent une estimation raisonnable du taux de transmission. Le risque de transmission du VIH-1 de la mère à l’enfant tend à être plus élevé chez les enfants nés de mères séropositives pour le VIH en Afrique qu’en Europe. Il est vraisemblable qu’il n’y a pas une explication unique de cette différence et les déterminants de la transmission sont probablement différents entre les populations. Cette méthodologie peut s’appliquer maintenant à toutes les études ayant un suivi suffisant. Cette étape est essentielle pour identifier les déterminants de la transmission et pour le développement d’essais d’intervention visant à réduire ou interrompre la transmission mère-enfant du VIH-1.