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L'Orthodontie Française

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Effet d'une mastication unilatérale forcée sur la posture et les représentations spatiales Volume 75, numéro 4, La fente labio-maxillo-palatine (2e partie)

Auteurs

Des malocclusions pourraient être à l'origine de dérèglements posturaux, témoignant d'une influence des signaux issus de l'appareil manducateur sur le contrôle postural. Notre approche consiste à rechercher des signes directionnels (biais posturaux, biais d'orientation) de malocclusions d'expression transversale, censées occasionner un flux afférent asymétrique. Dans cette investigation, des mastications unilatérales forcées sont utilisées comme modèle.

Cette approche se justifie dans le cadre théorique qui stipule que le flux continu des messages nerveux visuels, vestibulaires et proprioceptifs contribue à l'élaboration dynamique de références spatiales qui guident la perception et l'action. En témoignent les biais d'orientation constatés lors des lésions de structures cérébrales intégrant ces messages, ou les illusions de position provoquées chez le sujet sain par stimulation optocinétique ou vibration des tendons. Dans ce champ d'étude, l'accent est souvent mis sur les relations entre la cognition spatiale et la posture.

L'expérience compare les effets de modalités occlusales asymétriques sur la posture et les représentations spatiales. Elle porte sur 50 adultes (23 ans en moyenne), dont la préférence manuelle a été explorée par un questionnaire détaillé. Les troubles posturaux, la mastication préférentielle, l'oeil directeur et les pathologies visuelles ont été relevées. Le protocole comprend 4 conditions occlusales, dont l'ordre de présentation est contrebalancé : repos mandibulaire, intercuspidation maximale, mastications latérales droite et gauche. La posture statique est évaluée par stabilométrie normalisée, la posture dynamique par un test de piétinement. Deux indices d'orientation spatiale sont mesurés : le droit devant subjectif et la verticale visuelle subjective.

Les résultats confortent l'idée d'une influence de la mastication forcée sur la posture chez le sujet sain. L'effet concerne le coût plutôt que la précision du contrôle, suggérant une compensation de la perturbation induite. L'ensemble des données recueillies facilitera l'interprétation de celles des cas cliniques dont l'étude est maintenant envisagée.