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Revue de neuropsychologie

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L’égocentrisme comportemental dans la démence sémantique : conséquence d’un trouble de la théorie de l’esprit et/ou de l’égocentrisme cognitif ? Volume 1, numéro 2, juin 2009

Auteurs
Inserm-EPHE, Université de Caen/Basse-Normandie, Unité U923, GIP Cyceron, CHU Côte-de-Nacre, Caen, Service de neurologie, CHU Pontchaillou, Rennes

La démence sémantique (DS) est caractérisée par des troubles majeurs de la mémoire sémantique et par des modifications du comportement, notamment l’émergence d’un égocentrisme comportemental qui désigne la propension de ces patients à se référer à leur propre personne. Ce travail se donnait pour objectif de mieux comprendre les processus qui sous-tendent ce phénomène chez un patient, L.G., en procédant à une évaluation conjointe des comportements égocentriques, de l’égocentrisme cognitif, désignant le meilleur maintien des représentations sémantiques colorées par l’expérience personnelle (EP) par rapport aux autres connaissances et de la théorie de l’esprit (ToM, pour theory of mind) dont l’altération pourrait engendrer la perte des conventions sociales observée dans cette affection. L’égocentrisme comportemental était évalué grâce à un questionnaire spécialement conçu pour cette étude. L’égocentrisme cognitif était mesuré en comparant les connaissances disponibles sur les personnes familières à celles se rapportant à des personnes célèbres dans des tâches de décision de familiarité et d’identification. La ToM était évaluée à l’aide d’épreuves d’attribution d’intentions et d’états mentaux affectifs, de fausses croyances et de jugement de préférence. Cet examen montre une augmentation significative des comportements égocentriques, un bénéfice de l’EP sur les performances de mémoire sémantique et une altération de l’attribution de fausses croyances et du jugement de préférence. L’égocentrisme comportemental pourrait naître de l’existence conjointe de l’égocentrisme cognitif et de troubles de ToM. De futurs travaux portant sur ces dimensions devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents aux modifications comportementales observées dans la DS.