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Revue de neuropsychologie

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Incorporer des objets et des membres factices : quelle différence ? Volume 2, numéro 3, septembre 2010

Auteurs
Institut Jean Nicod, UMR 8129, CNRS-EHESS-ENS, Paris, Inserm, UMR-S 864 « Espace et Action », Bron, Université Claude-Bernard Lyon I, Lyon

Le cerveau représente le corps de différentes manières (par exemple sensorielle, motrice) pour des fins différentes (par exemple se reconnaître, agir dans l'espace). Depuis un siècle maintenant, neuropsychologues, philosophes et neuroscientifiques ont cherché une définition opérationnelle des représentations du corps, proposant un vaste champ de notions distinctes telles que le schéma corporel, l'image corporelle, etc. Les résultats récents sur la possibilité d'incorporer des corps étrangers n'ont fait qu'ajouter à la complexité. En particulier, en raison de leurs effets sensoriels et moteurs, la main en caoutchouc et les outils peuvent être considérés comme tous deux incorporés, c'est-à-dire qu'ils sont traités comme s'ils faisaient partie du corps. Mais à quel point peut-on élargir la représentation de son corps? Quelles sont les contraintes qui régissent l'incorporation d'objets externes? Et s'agit-il des mêmes selon que l'incorporation est motrice (c'est-à-dire objet intégré dans le schéma corporel) ou perceptive (c'est-à-dire object intégré dans l'image corporelle)? Nous confrontons ici deux domaines de recherche trop souvent étudiés isolément afin de mieux comprendre les lois de l'incorporation. En particulier, nous analysons les similitudes et les différences entre l'incorporation d'outils et l'incorporation de mains prosthétiques. En conclusion, nous proposons qu'elles correspondent à deux types d'incorporation distincts, régis par des lois différentes, mais que dans les deux cas, l'incorporation n'est que partielle.