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Revue de neuropsychologie

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Anosognosie : modèles théoriques et pistes de prise en charge Volume 12, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2020

Tableaux

Auteurs
1 Université de Liège,
GIGA-CRC in vivo Imaging,
quartier Agora,
allée du 6 Août, 8,
B30, 4000 Liège,
Belgique
2 CHU de Liège,
Clinique de la mémoire,
Liège,
Belgique
* Correspondance

L’anosognosie, ou manque de conscience des déficits, a des conséquences négatives sur l’autonomie et les bénéfices des prises en charge des patients suite à une lésion cérébrale. Dans cet article de synthèse, nous décrivons comment l’anosognosie est mesurée, quels modèles théoriques ont été proposés pour en expliquer les origines et quelles approches thérapeutiques existent pour améliorer la conscience des difficultés. La présence d’un manque de conscience des difficultés peut être détectée par l’observation clinique, par des questionnaires comparant l’évaluation que le patient donne de son fonctionnement et de sa cognition à celle fournie par son proche, ou par des mesures évaluant l’exactitude de la prédiction de sa performance par le patient. À côté de modèles théoriques axés soit sur les bases neurocognitives, soit sur les bases psychologiques de l’anosognosie, des modèles multidimensionnels considèrent que la difficulté à prendre conscience de ses déficits résulte de l’interaction entre des troubles neuropsychologiques (en particulier, exécutifs et mnésiques), des mécanismes de défense psychologiques tels que le déni et des influences sociales. Plusieurs programmes de prise en charge ont été utilisés afin d’amener les patients à mieux détecter leurs erreurs et à choisir les meilleures stratégies pour réaliser des tâches. Ces programmes combinent souvent des méthodes de feedback et des entraînements métacognitifs lors de réalisation de tâches de vie quotidienne. La plupart des programmes ont été utilisés dans des études de cas uniques. Quelques études ont testé l’effacité de ces programmes via des essais randomisés et contrôlés, et ont montré que la prise en charge permettait aux patients de mieux détecter les erreurs lors de tâches et de gagner en autonomie dans leur vie quotidienne.