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Médecine thérapeutique / Pédiatrie

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Vers un traitement préventif des manifestations respiratoires de la mucoviscidose par transfert de gènes Volume 1, numéro 3, Mai-Juin 1998

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Les caractéristiques énoncées ci-après ont fait de la mucoviscidose la première maladie génétique à bénéficier d’études cliniques de thérapie génique, 4 ans à peine après la découverte du gène qui en est responsable [1]. Due à des mutations affectant le gène CFTR (cystic fibrosis transmembrane conductance regulator), elle reste une maladie grave avec une médiane de survie de 30 ans. Pour l’essentiel, morbidité et mortalité sont d’origine respiratoire. L’atteinte broncho-pulmonaire résulte directement ou indirectement de la perte des fonctions de la protéine CFTR dans les cellules épithéliales des voies aériennes. Ces cellules, cibles thérapeutiques potentielles, sont d’un abord direct relativement facile, par voie aérienne, sans passage sanguin systémique. Les objectifs actuels sont d’introduire une copie du gène CFTR normal dans le noyau des cellules cibles. Ceci devrait les transformer en cellules comparables à celles de patients hétérozygotes connues pour être phénotypiquement normales (« monogénothérapie somatique d’addition ») et devrait empêcher le développement des manifestations broncho-pulmonaires de la maladie. Les résultats des essais cliniques poussent à poursuivre les recherches. Il faut progresser dans la connaissance des mécanismes de la maladie pour mieux préciser les cibles du transfert de gène et optimiser l’efficacité thérapeutique de cette approche. Il faut parfaire les vecteurs pour améliorer à la fois leur tolérance et leur efficacité, notamment la durée d’expression du gène transfecté. Il faut tester les nouvelles techniques (vecteurs viraux « furtifs » capables d’échapper au système de défense de l’hôte, vecteurs hybrides cumulant les avantages des systèmes viraux et inertes, plus efficaces que les autres, reconnaissant mieux leur cible, capables de s’exprimer au bon niveau...) dans des essais cliniques de faisabilité succédant à des études approfondies chez l’animal. Nul ne peut encore affirmer que le transfert de gène sera un traitement de la mucoviscidose, ni en prédire les échéances. Mais la thérapie génique de la mucoviscidose reste envisageable et le travail en ce sens doit donc se poursuivre activement.