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Médecine thérapeutique / Pédiatrie

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Enfants victimes de sévices : une urgence qui nécessite de réfléchir vite mais bien Volume 2, numéro 5, Septembre - Octobre 1999

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Les mauvais traitements existent dans tous les milieux socio-économiques ou culturels, dans toutes les ethnies. En écarter la possibilité en raison d’un milieu apparemment favorable peut être une grave erreur, pouvant mettre la vie de l’enfant en danger. Bien que les mauvais traitements physiques et les abus sexuels aient été décrits par Tardieu en 1860 [1], leur réalité n’a été redécouverte que dans la seconde moitié du xxe siècle. Silverman [2] et Kempe [3] aux Etats-Unis, Manciaux et Straus en France en ont développé la connaissance. En 1997, 21 000 enfants ont fait l’objet d’un signalement à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour mauvais traitements : - 7 000 pour violences physiques ; - 6 800 pour abus sexuels ; - 1 800 pour mauvais traitements psychologiques ; - 5 400 pour négligence grave ; - 61 000 enfants étaient considérés comme « en risque » (il s’agit d’enfants qui ne sont pas maltraités, mais dont les conditions de vie, d’éducation, compromettent l’avenir). L’importance de ces chiffres (obligatoirement en deçà de la réalité) montre la nécessité de savoir identifier les enfants maltraités ou risquant de l’être, de savoir évaluer ces situations, et de connaître les moyens de protéger ces enfants lorsque cela paraît nécessaire. Le médecin ne doit pas laisser un enfant en danger. Sa responsabilité morale et pénale est engagée s’il n’adopte pas l’attitude adéquate en ce cas. Le médecin n’est ni policier ni juge. Il n’a ni à avoir la preuve de la maltraitance ni à savoir à coup sûr qui en est l’auteur, pour signaler la situation : il suffit qu’il pense que l’enfant doit être protégé.