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Médecine de la Reproduction

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Accueil d’embryons : pratique clinique et mise en perspective anthropologique Volume 10, numéro 1, janvier-février 2008

Auteur
Centre de Médecine de la Reproduction, Service de Gynécologie et Obstétrique, Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 82 avenue Denfert-Rochereau, 75014, Paris

L’accueil d’embryons est une mutation radicale, qui touche à la conception des individus. Un débat est ouvert au sein de la société, qui suscite des clivages souvent idéologiques, car il mobilise des intérêts contradictoires. Ces intérêts sont ceux du couple donneur (et sa famille) qui a obtenu l’enfant désiré par les techniques d’AMP, du couple receveur pour qui ces dernières, dans leurs formes plus classiques, se sont avérées impossibles, et bien sûr, celui de l’enfant, dont les origines seront complexes bien que sa filiation soit légalement clairement définie. Enfant du don, adopté in utero, sa place dans la généalogie familiale peut être définie au regard de celle d’enfants conçus dans certaines sociétés comme venant d’un autre monde, ou confiés dans la parentèle, voire adoptés, dans des règles d’organisation sociale inhérentes à d’autres cultures.Il n’existe pas de prêt-à-penser concernant cette technique. Au demeurant, une mise en perspective anthropologique, mettant en lumière d’autres systèmes de parenté, ou de circulation d’enfants dans diverses sociétés, permet d’aborder différemment les aspects biologiques et sociaux de la reproduction humaine en général, de l’accueil d’embryons en particulier.On peut ainsi se figurer que l’enfant du don d’embryons s’épanouira dans un système de parenté que Claude Levi–Strauss définit en 1958 comme « un système arbitraire de représentations », qui se caractérise non par sa concomitance avec le biologique, mais par « la démarche essentielle par laquelle elle s’en sépare ».