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Médecine et Santé Tropicales

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Quel antivenin pour les envenimations par les vipères du genre Cerastes ? Volume 24, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2014

Auteurs
1 Hôpital Cochin, service d’anesthésie, 27 rue du Faubourg Saint-Jacques, 75379 Paris
2 Hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, laboratoire de biologie médicale, 74 boulevard de Port Royal, 75230 Paris Cedex 05
* Correspondance

Lors d’une envenimation par une vipère Echis, l’administration d’une seule ampoule de l’antivenin FAV-Afrique® permet généralement de corriger les troubles de l’hémostase en moins de 12 h. L’observation, dans un cas d’envenimation par Cerastes, d’une correction de l’hémostase après 36 h par quatre ampoules de FAV-Afrique® n’est donc pas en faveur d’une utilisation de cet antivenin pour cette espèce. La mortalité par envenimation vipérine en Afrique est élevée, mais plus de 90 % des patients empoisonnés survivent malgré le manque d’antivenin approprié. La gravité de l’envenimation dépend de plusieurs variables : l’âge et l’état de santé du patient, le site de la morsure, la composition chimique et la quantité de l’envenimation ainsi que le temps avant la prise en charge. La survie n’est donc pas une preuve de l’efficacité du traitement antivenin. Les venins de Cerastes contiennent beaucoup d’enzymes perturbant les différentes étapes de l’hémostase. Il reste à prouver que le FAV-Afrique®, un antivenin polyvalent adapté aux principales espèces incriminées dans les envenimations en Afrique subsaharienne (Bitis, Echis, Naja et Dendroaspis), a la capacité de neutraliser ces protéines particulières. L’approche la plus logique pour une envenimation par Cerastes reste l’administration d’un antivenin adapté aux espèces trouvées en Afrique du Nord (Maghreb), tel que le Favirept® (Sanofi Pasteur), un antivenin polyvalent conçu pour les venins de C. cerastes, de Bitis arietans, d’Echis leucogaster, de Macrovipera deserti, de Naja haje et de N. nigricollis.