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Médecine et Santé Tropicales

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Alexandre Yersin (1863-1943), explorateur et pastorien Volume 24, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2014

Illustrations


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Auteur
Groupement d’intervention en santé publique et en épidémiologie (Gispe), 82 bd Tellène, Marseille, France <http://gispe.org/>
* Correspondance

2013 fut l’« année Yersin » : 150e anniversaire de sa naissance et 70e anniversaire de sa disparition. Au-delà des images habituellement attachées au souvenir du médecin, découvreur du bacille de la peste (à Hong-Kong en 1894), l’auteur s’attache à faire connaître l’homme Yersin, comme un explorateur curieux de son environnement plutôt qu’un scientifique soucieux d’honneurs et de reconnaissance. En effet, Alexandre Yersin est un personnage atypique dans l’univers pasteurien. S’il commence sa carrière comme collaborateur de Louis Pasteur dans la suite de la mise au point du vaccin contre la rage, en 1885, l’appel du large lui fait quitter le laboratoire de la rue d’Ulm pour, dit-il, « explorer de nouvelles terres ». Il travaille pour les Messageries maritimes et, à Saïgon, rencontre Albert Calmette qui le convainc de s’engager dans le service de santé des troupes coloniales, nouvellement créé. À Nha-Trang, en 1892, Yersin installe, dans une paillote, un laboratoire de bactériologie qui deviendra ensuite le premier Institut Pasteur d’Indochine, le point de départ d’un réseau de laboratoires de recherches. Lors de l’épidémie de peste qui sévit à Hong-Kong, Yersin parvient à isoler l’agent causal de la peste, s’étonnant même de la facilité avec laquelle il put le faire. Il a alors 30 ans, et ce qui aurait pu être le commencement d’une prestigieuse carrière d’honneurs, sera celui d’une vie passée à servir les populations locales.

L’exploration du pays Moïs qu’il a engagée sera pour Yersin l’occasion de cultiver et de révéler un prodigieux éclectisme et un profond humanisme. Il conduira trois explorations dans des régions inconnues de l’Annam, et contribuera au développement de ce pays par une approche socioéducative, médicale et économique, entièrement au profit des populations autochtones. Yersin, dès lors, ne quittera plus le Vietnam ; il s’y fera astronome et agronome (introduisant la culture du quinquina et de l’hévéa dans le pays) – toujours proche des populations. Il sera enterré à Nha-Trang ; sa mémoire est honorée avec ferveur par les Vietnamiens.