JLE

Médecine thérapeutique

MENU

Traitement hormonal substitutif de la ménopause et risque mammaire Volume 6, numéro 3, Mars 2000

Auteurs

Initialement essentiellement suscités, à un niveau individuel, par la demande de la femme devant des manifestations cliniques liées à la carence œstrogénique, les traitements hormonaux de la ménopause (THS) se sont inscrits progressivement dans une logique préventive de santé publique, ou présumée telle, à long terme. Le THS a ceci de particulier, à l’heure actuelle, qu’il ne réussit pas à assurer pleinement ce double bénéfice individuel et collectif. L’efficacité immédiate du traitement estrogénique sur les manifestations cliniques patentes (bouffées de chaleur, troubles urinaires, dépression) incite à prolonger l’exposition de la femme aux stéroïdes sexuels. Mais, il persiste des interrogations sur l’impact à moyen et long termes sur le tissu mammaire, sans qu’il existe à ce jour de moyen validé de s’opposer à cette exposition forcée, contrairement à ce qui est connu pour l’endomètre avec l’utilisation combinée d’estrogènes et de progestatifs. Placé devant cette difficulté, le décideur doit donc bien connaître les données concernant l’impact mammaire qui sont déterminantes. En effet, le cancer du sein représente dans les pays occidentaux la première cause de cancer chez la femme, avec une incidence en progression constante au cours des décennies successives [1]. Dans une étude coût-efficacité concernant le THS, reposant sur une formulation markovienne qui combinait globalement les différents bénéfices et risques cardio-vasculaires, osseux et mammaires du THS provenant de données issues de méta-analyse, le risque lié au cancer du sein faisait disparaître l’intérêt bénéfique potentiel du THS lors de longues utilisations [2]. Cette revue se propose de revoir les données actuelles concernant l’impact mammaire du THS. Dans une première partie, nous situons le contexte d’hormonodépendance du tissu mammaire à travers les résultats des études expérimentales récentes pour aborder dans une deuxième partie les implications thérapeutiques, pour les traitements hormonaux, liées au risque de cancer du sein et après diagnostic de cancer du sein. Enfin, nous discutons les alternatives possibles au THS.