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Médecine thérapeutique

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Lupus, syndrome des antiphospholipides et épilepsie Volume 18, numéro 3, Juillet-Août-Septembre 2012

Auteurs
Centre national de référence des lupus et syndrome des antiphospholipides, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, service de médecine interne 2, Paris, France, Inserm UMR-S 945, Paris, France, UPMC Université Paris 06, Paris, France

Prototype de la maladie auto-immune non spécifique d’organe, le lupus systémique est caractérisé par l’association de manifestations cliniques protéiformes, à la présence quasi constante d’anticorps dirigés contre des antigènes nucléaires. L’épilepsie en est une manifestation clinique assez fréquente (environ 15 %), de même qu’au cours du syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL) : 7-9 %. La comitialité associée au lupus et au SAPL relève avant tout de la présence d’anticorps antiphospholipides (aPL). Ceux-ci induisent un état d’hypercoagulabilité et entraînent la survenue de lésions ischémiques, potentiellement épileptogènes. Plus récemment, il a été montré que les aPL pouvaient exercer des effets pathogènes directs vis-à-vis du système nerveux central, en particulier par l’inhibition des récepteurs à l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) de la gaine de myéline. Le bilan immunologique est d’un intérêt limité car il n’existe pas d’auto-anticorps spécifiques des complications neurologiques de ces pathologies. Néanmoins, il est important de réaliser un bilan biologique standard, un scanner ou une IRM encéphalique, ainsi qu’une ponction lombaire en l’absence de contre-indication, afin d’éliminer une complication métabolique ou infectieuse. Les médicaments antiépileptiques doivent être utilisés conformément à leurs indications habituelles, en ayant à l’esprit que la carbamazépine et ses dérivés (oxcarbazépine) sont potentiellement contre-indiqués car inducteurs de lupus. L’utilisation de la corticothérapie et/ou des immunosuppresseurs de 2  e ligne ne se discute pas en première intention devant une épilepsie isolée au cours du lupus, et ne sera envisagée qu’en présence d’autres atteintes viscérales ou devant une épilepsie résistant au traitement anticomitial.