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Médecine thérapeutique

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La leptine : une hormone essentielle du métabolisme énergétique Volume 5, numéro 3, Mars 1999

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Lors de son évolution, l’espèce humaine a dû mettre en place un système efficace de stockage d’énergie au moment des repas lui permettant de supporter ensuite les périodes de jeûne (autrefois inévitables et parfois prolongées), l’activité physique (vitale pour la recherche de nourriture, les déplacements et les fuites) et la vie de reproduction (grossesse, allaitement). Ce stockage repose sur un ensemble coordonné de circuits de substrats et de messages métaboliques, hormonaux et neuro-endocriniens, aboutissant au dépôt de triacylglycérols dans les adipocytes blancs localisés autour des organes digestifs (tissu adipeux blanc « viscéral ») ou sous la peau (tissu sous-cutané). Arrivent dans les adipocytes des acides gras détachés des lipides circulants par la lipoprotéine lipase et des acides gras dits libres (en fait liés à l’albumine). Les adipocytes intra-abdominaux sont baignés par le sang splanchnique, riche en graisses au moment des prises alimentaires, et les adipocytes sous-cutanés par le sang périphérique. Des mécanismes moléculaires simples permettent le captage adipeux et l’estérification des acides gras en triacylglycérols. A l’inverse, un processus lui aussi assez simple permet, en réponse à une demande métabolique pressante, d’hydrolyser les triacylglycérols et de libérer instantanément des acides gras, en d’innombrables sites de l’organisme, dans la circulation. Ces processus de stockage et de libération des acides gras sont fonctionnels dans l’espèce humaine dès la vie fœtale et la période néonatale [1]. Selon les moments de la vie nutritionnelle, les stocks augmentent ou diminuent. Le stockage intra-adipocytaire des lipides a de nombreux avantages. Il est économique (relativement peu d’ATP est dépensé pour le réaliser), léger (9 calories ne pèsent que 1 g), isolant du froid, efficace (un enfant de 30 kg stocke ainsi 60 000 calories pour une dépense quotidienne de 1 800) et mobilisable à tout moment (la lipolyse répond aux hormones du stress). Il manquait à l’homéostasie du système un élément essentiel : un signal informant l’organisme sur l’état des réserves adipeuses et lui permettant d’effectuer les choix, conscients ou physiologiques, qui définissent sa vie alimentaire, et de mettre en route les régulations nécessaires. Il s’agit de la leptine, protéine circulante produite quasi exclusivement par les adipocytes, identifiée en 1994 [2], ses récepteurs l’étant en 1995 et 1996 [3, 4]. Sa physiologie est schématisée sur la figure 1. Nous ne parlerons pas ici des effets de la leptine sur l’hématopoïèse ou sur l’angiogenèse.