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Médecine thérapeutique

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Homéostasie des lymphocytes T et infection par le VIH : méthodes d’étude et régénération du système immunitaire Volume 6, numéro 1, Janvier 2000

Auteurs
Unité d’oncologie virale et URA CNRS 1930, Département sida et rétrovirus, Institut Pasteur, 28, rue du Dr.-Roux, 75724 Paris Cedex 15, France.

L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est classiquement caractérisée par la réduction progressive dans le sang du nombre de lymphocytes T exprimant le récepteur CD4 pour le VIH. Ces lymphocytes sont la cible du virus du fait de l’expression de la molécule CD4, récepteur du VIH, et des molécules CCR5 et CXCR4, récepteurs de chimiokines et co-récepteurs du VIH [1]. Pendant la phase aiguë de l’infection, l’expression de molécules virales stimule le développement d’une réponse cellulaire anti-VIH, assurée par les lymphocytes T cytotoxiques CD8, qui contribue à la diminution de la charge virale [2]. Cependant, cette réponse ne permet pas d’éliminer le virus ni même de contrôler efficacement sa réplication, ce qui conduit à une infection virale chronique, caractérisée notamment par la destruction des tissus lymphoïdes, où sont générés les effecteurs de l’immunité, et la disparition progressive des lymphocytes T CD4. Le lymphocyte T CD4 ayant un rôle central dans l’induction des réponses cellulaires et humorales, sa disparition contribue au développement du syndrome d’immunodéficience, le système immunitaire du patient ayant perdu son aptitude à défendre l’organisme contre le développement d’infections opportunistes et l’apparition de tumeurs. Il y a quinze ans, la découverte que la molécule CD4 représente le récepteur principal utilisé par le VIH pour pénétrer dans la cellule hôte a fortement suggéré que la disparition progressive des lymphocytes T CD4 dans le sang de personnes chroniquement infectées par le VIH était la conséquence directe de leur destruction par le VIH [3]. Cependant la disparition de certaines sous-populations T ne peut pas être attribuée à la simple cytolyse virale. Par exemple, le déclin des cellules T CD8 ab [4] ou Vg9d2 [5], non infectées par le VIH, ou de cellules T CD4 naives, réfractaires à une production virale après infection [6], met probablement en jeu d’autres mécanismes, qui ne sont toujours pas élucidés. Par ailleurs, l’observation d’un taux important de mort cellulaire par apoptose dans les ganglions de patients infectés par le VIH, qui concerne non seulement les lymphocytes T CD4 mais aussi les lymphocytes T CD8, les lymphocytes B et les cellules natural killer (NK) [7-9] indique que cette infection est associée à une destruction lymphocytaire massive, et pose la question de la capacité du système immunitaire à se régénérer. En 1995, la découverte de thérapies antirétrovirales très efficaces (highly active antiretroviral therapy – HAART) capables de diminuer fortement la réplication du VIH dans le sang et d’augmenter en parallèle le nombre de lymphocytes T CD4, a suscité un certain nombre de travaux visant à élucider les mécanismes contrôlant l’homéostasie des lymphocytes T CD4 et CD8 en présence du VIH, et à évaluer les capacités de restauration numéraire et fonctionnelle du système immunitaire des patients soumis à ces thérapies.