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Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement

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2. Un concept flou Volume 1, numéro 1, Mars 2003

Auteur
Université Paris VI, Faculté de Médecine, Pitié-Salpêtrière, Paris

Le consensus international sur les critères de diagnostic de la démence de l’Association Psychiatrique Américaine a permis des avancées importantes pour les études cliniques et thérapeutiques. Néanmoins, ces critères comportent des imprécisions notables et contribuent à masquer le caractère ambig du concept de démence et son utilisation avec des acceptions variées. La démence n’est pas une maladie : c’est un syndrome clinique défini conventionnellement qui ne correspond pas à une entité naturelle. Si les critères actuels sont bien adaptés pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer, il n’en est pas de même pour les autres affections cérébrales dites démentielles dans lesquelles les déficits mnésiques sont inconstants ou tardifs. Par ailleurs, en définissant la démence en termes de déficits purement cognitifs, ces critères minimisent le retentissement des affections démentielles sur la vie afective et relationnelle des sujets atteints. Les progrès effectués dans le diagnostic et la compréhension des affections cérébrales à l’origine des démences permettent aujourd’hui de rejeter l’existence de la démence comme entité nosographique unique, indispensable au diagnostic de ces affections et indépendente de la localisation des lésions cérébrales qu’elles provoquent. Dans un nombre croissant de cas, le diagnostic spécifique de l’affection en cause est possible alors que les critères de démence ne sont pas remplis. Le terme de démence ne désignerait plus alors qu’un stade évolutif de ces affections qui correspondrait à l’apparition de la dépendance.