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Médecine thérapeutique / Pédiatrie

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Physiopathologie des infections méningococciques Volume 5, numéro 4-5, Numero double 4 - 5, Juillet - Octobre 2002

Auteur
Laboratoire de Microbiologie INSERM U570 Faculté de Médecine Necker-Enfants Malades 156, rue de Vaugirard 75730 Paris cedex 15, France
  • Page(s) : 187-90
  • Année de parution : 2002

Les infections méningococciques restent un problème de santé publique, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. En effet, l'endémie de méningites cérébrospinales persiste en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, avec par endroits une augmentation du nombre de cas de méningites à méningocoque du groupe C. Dans les pays en voie de développement, il existe toujours de grandes épidémies meurtrières dans la ceinture méningée. Ces épidémies initialement à méningocoque de sérogroupe A sont maintenant à sérogroupe W135. Ceci souligne l'importance de disposer d'un vaccin contre l'ensemble des sérogroupes de Neisseria meningitidis le plus rapidement possible. Bien qu'étant un pathogène redouté du fait de la gravité des infections et de leur survenue épidémique, N. meningitidis doit être considéré comme un commensal de l'oropharynx de l'homme. En effet, le méningocoque est un diplocoque à Gram négatif qui ne survit pas dans l'environnement, et son réservoir de prédilection est le nasopharynx de l'homme puisqu'il colonise 5 à 15% d'une population donnée. Ce chiffre doit être comparé à celui de l'incidence de l'infection méningococcique qui, dans nos pays, reste aux alentours de 1/100 000 habitants. Ceci démontre que la maladie méningococcique est un accident extrêmement rare au cours du portage nasopharyngé. Cet accident constitue du reste une forme de suicide pour la bactérie, puisque l'infection méningococcique est naturellement mortelle et qu'elle ne participe pas à la dissémination de la bactérie. En tuant son hôte, la bactérie " scie donc la branche de l'arbre sur laquelle elle se trouve assise ". La compréhension du rôle des facteurs de virulence de N. meningitidis doit donc se faire en gardant en mémoire le fait que les gènes impliqués dans la dissémination septicémique et le franchissement de la barrière hémato-encéphalique ont été sélectionnés pour d'autres raisons importantes pour la dissémination et la survie de la bactérie au sein de la population humaine. Des données très récentes portant sur l'étude des populations de méningocoques responsables d'infections et isolées uniquement de portage asymptomatique ont permis de montrer que la maladie méningococcique était le fait de certaines souches et que tous les méningocoques n'exprimaient pas le même pouvoir invasif [1]. En effet, l'introduction du « Multilocus Sequence Typing » (MLST) a permis de montrer qu'alors que les méningocoques isolés de portage asymptomatique appartenaient à plusieurs centaines de complexes clonaux, seuls quatre complexes étaient régulièrement isolés comme agents de méningite [2]. Ces données démontrent que ces complexes clonaux ont un pouvoir invasif plus marqué que les autres, ce qui suggère que les souches de ces complexes possèdent des facteurs de virulence qui augmentent leur capacité de dissémination et de franchissement de la barrière hémato-encéphalique. Compte tenu de ce qui a été souligné auparavant sur l'histoire naturelle de N. meningitidis, ces séquences spécifiques des souches invasives, et qui restent à identifier, ont sans doute été sélectionnées pour conférer un avantage autre que la capacité d'invasion de son hôte. Mots clés