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Médecine thérapeutique

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Médicaments et grossesse Volume 16, numéro 3, juillet-août-septembre 2010

Auteurs
CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes), Hôpital Armand-Trousseau, 26 avenue du Dr Netter, 75571 Paris Cedex 12

L'approche des thérapeutiques en cours de grossesse est généralement appréhendée sous son aspect le plus négatif, celui des risques pour le futur enfant. Cette crainte trouve sa source dans l'histoire des agents tératogènes, au premier chef desquels se trouve le thalidomide. Prenant appui sur une réelle catastrophe humaine, l'inquiétude s'est généralisée depuis ce drame à tout le champ de la thérapeutique. Aussi légitimes que soient certaines interrogations, elles sont manifestement empreintes d'une approche plutôt alarmiste entraînant souvent prescripteurs et patientes dans une attitude de recul (voire d'abstention) thérapeutique en cours de grossesse. L'arrêt d'un traitement ou le retour à des thérapeutiques plus anciennes mais mieux connues chez la femme enceinte est la marque d'une prudence légitime mais qui ne se justifie qu'à condition que le bénéfice maternel n'en soit pas profondément affecté pendant les neuf mois de la grossesse (voire au-delà en cas d'allaitement). Le prix payé par certaines patientes à cause d'un excès de prudence mérite d'être envisagé avec autant de sérieux que les risques embryo-fœtaux médicamenteux tant redoutés. La grossesse est donc nécessairement l'occasion de réévaluer des pratiques thérapeutiques et l'examen soigneux du rapport bénéfice/risque est au cœur du schéma décisionnel.