JLE

Médecine thérapeutique

MENU

Hépatites virales à transmission entérique : les virus des hépatites A et E Volume 5, numéro 7, Août - Septembre 1999

Auteurs

Le virus de l’hépatite A (VHA) a été découvert en 1973, par Feinstone et al. [1], en microscopie électronique dans des selles de patients atteints d’hépatite aiguë. Or, l’hépatite (ou jaunisse) est connue depuis l’Antiquité. Ce n’est qu’au xxe siècle que l’on a distingué les hépatites à transmission féco-orale, ou entérique (dont le VHA est le principal agent étiologique), de celles à transmission parentérale. Cependant, l’existence d’hépatites dont la transmission n’est pas liée au VHA est connue depuis les années 50 en Inde et en Afrique, dans les pays où les conditions d’hygiène sont mauvaises. Des cas d’hépatite aiguë épidémique ont été notifiés dès 1955 à New Dehli (Inde) [2] : plus de 30 000 cas d’hépatite ictérique avaient été rapportés, avec 17 % de mortalité chez la femme enceinte. Cette épidémie était consécutive à une rupture de la canalisation des eaux usées de la ville et à la contamination des eaux de boisson, établissant l’origine fécale de la contamination. Le VHA avait été incriminé à l’époque, mais l’étude sérologique rétrospective a montré, dans les années 80, que ni lui ni le virus de l’hépatite B (VHB) n’étaient incriminés dans cette épidémie. La démonstration de l’infectivité des selles a été apportée par Balayan en 1983 [3], qui ingéra des extraits de selles contaminées et reproduisit l’hépatite aiguë avec un pic de transaminases 1 mois plus tard. Il réalisa des prélèvements séquentiels de sang et de selles pour retrouver l’agent causal et identifia par microscopie électronique, dans ses propres selles, la présence d’un virus de près de 30 nm en relation avec un calicivirus. Le génome de ce nouveau virus, appelé virus de l’hépatite E, fut identifié par clonage et séquençage plus tardivement, en 1990, par l’équipe de Reyes [4]. Les virus des hépatites A et E sont à l’origine de la quasi-totalité des hépatites à transmission féco-orale ou entérique, rencontrées de façon épidémique, voire endémique, dans les pays au niveau hygiénique faible. Ces infections concernent donc essentiellement les voyageurs et leur diffusion dans la population sera dépendante des mesures sanitaires prises dans ces pays. La prévention passe avant tout par des mesures d’hygiène simples et, pour le VHA, par la vaccination. Le diagnostic virologique de ces infections repose principalement sur la recherche des anticorps de type IgM pour ces virus, en relation avec un tableau d’asthénie et d’ictère, une notion de voyage en zone d’endémie et une élévation des transaminases. Il n’existe pas de traitement de ces hépatites et l’évolution est généralement favorable dans les 6 mois qui suivent la contamination. L’hépatite E reste une pathologie rare dans nos régions et, l’immunité naturelle diminuant et les voyages augmentant, le risque de contracter une hépatite A, en l’absence de vaccination, sera plus important, notamment chez l’adulte chez qui le risque de forme sévère est plus grand.