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Médecine thérapeutique

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Les maladies à prions Volume 6, numéro 10, Décembre 2000

Auteur
Service de neurovirologie, Commissariat à l'énergie atomique, Centre de recherches du service de santé des armées, École pratique des Hautes Études, DSV/DRM, BP 6, 92265 Fontenay-aux-Roses cedex, France.

Les encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST) sont des maladies neurodégénératives qui touchent aussi bien l'homme que certains mammifères. Chez l'homme, il s'agit du Kuru, de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), du syndrome de Gerstmann-Sträussler-Scheinker, et de l'insomnie fatale familiale (IFF) ; chez l'animal, les ESST naturelles décrites à ce jour sont la tremblante naturelle du mouton et de la chèvre, la maladie du dépérissement chronique des ruminants sauvages, l'encéphalopathie transmissible du vison, l'encéphalopathie spongiforme féline et l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Ces maladies sont induites par des agents transmissibles aux propriétés biologiques et physico-chimiques très atypiques, les agents transmissibles non conventionnels (ATNC) encore appelés prions. Elles se caractérisent toujours par une longue période d'incubation cliniquement silencieuse, pouvant atteindre 40 ans chez l'homme, par l'évolution subaiguë du tableau clinique à la phase d'état et par des stigmates neuropathologiques constitués de l'association d'une spongiose du neuropile, d'une mort neuronale et d'une gliose majoritairement astrocytaire. D'une façon générale, les ESST répondent à un double déterminisme, génétique et infectieux : l'importance du génome de l'hôte dans la susceptibilité aux ATNC et dans l'expression clinique de la maladie qu'ils induisent a été bien démontrée dans les maladies expérimentales, dans les maladies naturelles humaines, ainsi que dans la tremblante naturelle des ovins et des caprins [1]. La nature exacte des agents à l'origine des ESST n'est toujours pas connue. Toutefois, la présence dans les fractions infectieuses semi-purifiées d'une protéine de l'hôte sous une forme anormale, la PrP, résistante partiellement à la digestion protéolytique (PrP-res) d'une part, et la grande résistance des ATNC aux procédés d'inactivation d'autre part suggèrent fortement que les acides nucléiques ne jouent pas un rôle majeur dans le facteur de transmissibilité et que la structure tridimensionnelle des protéines constitue le support probablement unique de la pathogénicité.