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Médecine thérapeutique

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L'immunité innée Volume 7, numéro 4, Avril 2001

Auteur
Hôpital E.-Herriot, Pavillon P, place d'Arsonval, 69437 Lyon cedex 03, France.

Pendant plus d'un demi-siècle, les recherches immunologiques ont été orientées presque exclusivement vers la réponse immunitaire adaptative et les mécanismes de la tolérance vis-à-vis des constituants du soi. Des découvertes majeures ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du système immunitaire spécifique : structure des molécules d'anticorps, mécanismes génétiques conduisant à la diversité moléculaire des récepteurs d'antigène des lymphocytes B (BCR) et T (TCR), fonction biologique des molécules du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) dans la présentation de peptides aux lymphocytes T à récepteurs alphabeta, processus de sélection positive et négative des lymphocytes au cours de leur différenciation. Le rôle majeur de l'immunité spécifique ou adaptative était démontré par le caractère rapidement létal des déficits immunitaires combinés sévères, et diverses perturbations des mécanismes de la tolérance étaient proposées pour expliquer des maladies inflammatoires chroniques considérées comme auto-immunes. L'immunité naturelle ou innée est connue depuis la première description de la réaction inflammatoire attribuée à bactériolytiques Celsus. Elle est entrée dans l'ère scientifique à la fin du xixe siècle avec la découverte de la phagocytose par Metchnikoff et celle des propriétés du complément par Bordet [1] mais son champ trop vaste, mal défini, n'a jamais suscité l'enthousiasme des chercheurs. La découverte des cytokines et les progrès dans la connaissance des mécanismes de la réaction inflammatoire ont certainement aidé à abandonner les préjugés contre l'immunité naturelle, désignée à tort comme non spécifique. Ceci conduit à proposer une conception plus large des fonctions immunitaires d'une cellule ou d'un organisme [2] et à mieux comprendre l'importance des mécanismes de défense de mise en jeu immédiate et leur rôle dans l'orientation ultérieure de la réponse adaptative.