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Enquête un jour donné sur la prise en charge des suicidants dans les services d’urgence de la région Nord-Pas-de-Calais Volume 85, numéro 10, décembre 2009

Auteurs
CUMP Samu régional de Lille, Pôle des urgences & C, 2, rue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France ; F2RSM, 3, rue Malpart, 59000 Lille, CHU Lille, Clinique universitaire de psychiatrie & Pôle des urgences, Lille, France ; Fédération de recherche en santé mentale 59-62, Lille, CHU Lille, Samu régional de Lille, Pôle des urgences, Lille, France ; Collège régional de médecine d’urgence 59-62, Fédération de recherche en santé mentale, Directeur, 59-62, Lille, France

Contexte. La France est l’un des pays industrialisés les plus touchés par le phénomène du suicide qui constitue la première cause de mortalité chez les 35-44 ans et la deuxième cause chez les 15-24 ans. Partant d’un premier objectif qui est de rechercher des indicateurs de l’état de santé mentale de la population de notre région, nous avons postulé que la tentative de suicide peut représenter un des témoins de la souffrance psychique. Cette étude s’est ensuite donnée pour but de mesurer l’activité, souvent mésestimée, dédiée aux suicidants dans les services d’urgence tout en décrivant le « parcours » du suicidant à l’aide d’une méthodologie permettant éventuellement de renouveler l’enquête régulièrement. Méthodologie. L’étude prospective multicentrique descriptive a été réalisée le mardi 10 février 2009 pendant 24 heures dans l’ensemble des services d’urgence et de psychiatrie de la région Nord-Pas-de-Calais. Étaient inclus tous les patients arrivant aux urgences chez qui le diagnostic de tentative de suicide était établi. Résultats. 31 services (urgences et Samu) ont participé à l’étude. Sur les 2 250 entrées cumulées dans l’ensemble de ces services d’urgences, 56 TS ont été comptabilisées soit 2,48 % des entrées ; quand sur les 1 154 dossiers traités par les 2 Samu (59 et 62), 66 étaient régulés pour une TS (5,7 %), 1 décès par pendaison étant déploré sur le nycthémère. Les résultats relèvent également qu’un tiers des patients sont hospitalisés au décours de leur TS soit dans un service de psychiatrie, soit en réanimation. Par ailleurs, l’analyse des données révèle des chiffres comparables aux données classiques et admises de la littérature concernant par exemple le sexe (2/3 de femmes), la pyramide des âges, le type de TS (77 % d’intoxication médicamenteuse). L’enquête souligne également, élément déterminant, que plus de 87 % des dossiers de TS ont été régulés par le Samu. Conclusion. Cette étude a permis de vérifier que le nombre de tentatives de suicide enregistré ce jour donné dans les services d’urgence est un peu supérieur mais cohérent avec les données habituelles de la littérature, de même que la plupart des autres résultats que permettait de recueillir le questionnaire réalisé pour l’occasion. Si le faible échantillonnage (56 cas) ne permet pas un traitement statistique complexe, l’apparente faisabilité, le bon déroulement de l’enquête elle-même ainsi que la forte corrélation entre les dossiers régulés par le Samu et les admissions dans les SAU confirme notre idée d’indicateur, donne du poids à la méthodologie et laisse envisager non seulement la réplication de celle-ci voire sont extension à une période d’une semaine dans le futur.