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Hématologie

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Les mutations de JAK2 dans les syndromes myéloprolifératifs en 2008 Volume 14, numéro 5, Septembre-Octobre 2008

Auteurs
Laboratoire d’hématologie, Hôpital Haut-Lévêque, Bordeaux, France

Au printemps 2005, quatre laboratoires publiaient quasi simultanément la description d’une mutation ponctuelle de la tyrosine kinase JAK2 chez une majorité de patients souffrant de syndromes myéloprolifératifs (SMP) : transversion G1849T, aboutissant à la substitution V617F. Les études fonctionnelles et les modèles animaux confirmaient l’importance de cette mutation dans la genèse des syndromes myéloprolifératifs. Cette découverte a rapidement eu des répercussions importantes sur la stratégie de prise en charge des SMP, en particulier pour l’exploration d’une polyglobulie ou d’une thrombocytose. La mutation JAK2V617F est très fréquemment trouvée (95 %) chez les patients atteints de polyglobulie de Vaquez (PV), mais moins souvent chez les patients atteints de thrombocytémie essentielle (TE) (50-70 %) ou de myélofibrose primitive (MP) (environ 50 %). La charge mutationnelle (quantité d’allèles JAK2 mutés) est aussi variable selon la pathologie, typiquement forte dans les PV et les MP, plus faible dans les TE. Ces différences reflètent à la fois l’importance du clone muté et le statut homo- ou hétérozygote de la mutation. La présence de la mutation JAK2, et possiblement la charge mutationnelle retentissent sur le phénotype clinico-biologique des syndromes myéloprolifératifs et sur leur profil évolutif. Les nombreuses techniques de quantification de la charge mutationnelle qui ont été développées permettent aussi de suivre l’efficacité de thérapeutiques à visée éradicatrice du clone : interféron, inhibiteurs de JAK2 en développement, voire allogreffe, en particulier dans les MP. Enfin, la présence de cette mutation dans trois SMP distincts, ainsi que l’hétérogénéité de charge mutationnelle dans ces maladies pose des questions physiopathologiques. Deux hypothèses furent formulées très tôt après la description de l’anomalie : l’une tient la mutation JAK2V617F pour responsable du SMP, les variations phénotypiques étant liées au fond génétique et/ou au ratio JAK2V617F/JAK2 sauvage dans les cellules, l’autre envisage qu’un événement préexistant à la mutation JAK2V617F détermine le phénotype. Des arguments en faveur de ces deux hypothèses ont été développés et le débat n’est pas tranché à ce jour, les deux hypothèses n’étant d’ailleurs pas exclusives.